Page 459 - 1992 - XVIII Congresso Internazionale di Storia Militare
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CANI\OA eT COUPI.ACF. STRATEGIQUH Allf.C L'EUR.OPE 425
Dans J'opcique de la recherche du couplage matégique, on comprend aisé·
menr que l'encrée rapide en guerre du Canada ne doic pas eue perçue sous le seul
angle de l'allégeance envers J'Anglererre ou d'une croisade pow: la démocratie et
la liberté, mais égalemenr sous celul de la poursuire de l'imérèr nariooal spécifìque·
ment canadien. D'ail!eurs, ceci nous permet de compr.endre que J'anemion du gou-
vernemenr er des média durane la guerre n'aie pas été orientée parriculièremem
sur l'avenir de J'Allemagne, comme chez.les Alliés, mais elle semble plutoc préoccu-
pée par !es relations avec la Grande-Brecagne et !es Etars-Unis. Les burs de guerre
canadiens sonc srratégiques, et ceci ne fait pas J'objet de discussions comparables
à celles qui an imene les autres érars qui parcicipem directemenr au conflit. Du point
cle vue canadien, il écait évident que wur conflir majeu.r cn Europe aurait un impacr
.sur la sécuriré du pays. Une vicroire allemande, mème sans que celle-ci ne se solde
par J'occupation de la France et de I'Anglererre, aurair concribué à isoler le Canada
et à perrurber gravemem son réseau d'échanges commerciaux er poUriques rransar-
lamiques. En appuyanc avec empressemem l'Angleterre ec la France en seprembre
1939, le Canada agissair en foncrion des impéracifs de sa propre sécuriré.
Mackenz.ie King er ses collaborareu.rs s'inréresseronc donc moins aux condi-
tions de capirulation allemande qu'au règlemenc policique global du conilic et à
la mise en piace d'un sysrème incernationaJ apte à assurer une paix durable. Les
questions relevant du règlemenr pollrique seronc néanmoins réglées pour l'essemiel
enrre les Trois Grands à l'occasion de leurs conférences au sommet où le Canada
n'aura pratiquemenc aucune influence en cetre matière. L'attitude pour le moins
cavalière manifescée par les Alliés à l'égard de leur parrena.ire canadien - anirude
qui se manifesrera égalemenc dans d'autres dossiers, notammenc celui de la compo-
sicion du Conseil de sécurité de .I'ONU- aura. des répercussions imporrances sur
la politique européenne du Canada.
Impuissanr deva ne son exclusion qua m à l'octroi d'une z.one d'occupacion en
Allemagne, le Canada refusera de conrribuer à l'occuparion de la z.one brirannique
et annoncera en décembre 1945 le rapacriemenr de l'ensemble de ses u oupes dès
1946. Ce n'était pas là la preuve d'un désincérer nouveau à l'égard de la. sécuricé
européenne, comme on le lui reprochera, mais simplemem le refus d'accepter de
reUes conditions à son engagement. De plus, et sans doure plus imporrane encore,
!es dirigeants, cel que l'exprimera le minisrre de la Défense Brooke Claxcon, ne
voyaient pas commenr une présence militai re canadienne en Europe poucrait, dans
ces circonstances, ajourer quoique ce soie «au poids politique et à la puissance du
Canada». La meme logique s'appliquera crois ans plus ca.rd, soie en 1948, lorsque
le Canada, alors la uoisième puissance aérienne, refusa de participer à l'efforr bri-
cannique pour érablir le ponr aérien allié destiné à briser le blocus de Berlin. Cecre
artirude ne consciruaic pas un refus de conrinuer à consolider les liens enne alliés,
mais elle démonuair que la présence miliraire canadienne en Europe n'apparais-
sait pas alors à Onawa comme éranr indispensable pour consolider le couplage enue
alliés er que la création d'iosdrucions imernationales appropriées lui apparaissa.ienr
alors beaucoup plus imporunte pour réaliser cee objeccif.