Page 105 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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          ples de l’Occident de se mesurer avec la dimension de la fatigue physique, du sacrifice et
          enfin de la mort, qui appartient au contraire aux sociétés préindustrielles» , et les Français
                                                                         52
          et les Américains avaient dû faire appel à des corps spéciaux comme la Légion étrangère
          ou les Bérets verts.
             Contre les guérillas qui eurent lieu après la seconde guerre mondiale, par ailleurs, les
          Britanniques remportèrent des succès significatifs , dont le plus important fut en Malaisie,
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          en suivant une stratégie politico-militaire basée sur une collaboration avec les autorités
          indigènes conservatrices, un respect total des cultures et des traditions locales, des aides
          financières et un soutien administratif pour éliminer le mécontentement, une instruction
          des forces régulières amies, une utilisation limitée de l’aviation et de l’artillerie pour éviter
          des victimes chez les civils dont on recherchait l’appui, un niveau élevé de combativité
          des forces spéciales qui opéraient en contact étroit avec les populations, une patrouille
          agressive des zones de frontière pour empêcher un afflux de ravitaillement aux guérilleros
          et leur fuite.
             Comment affronter les guérilleros et les terroristes qui opèrent en se mêlant à la popu-
          lation civile, solidaire de ceux-ci ou bien par ceux-ci contrainte: il s’agit là d’un des prin-
          cipaux problèmes tactiques à aborder dans les conflits d’aujourd’hui. Pour le résoudre, il
          serait illusoire de miser uniquement sur des systèmes d’arme de plus en plus «intelligents».
          Si le but déclaré des guerres d’aujourd’hui − qui, par ailleurs, ne sont plus appelées par leur
          nom mais par une large gamme d’autres dénominations politiquement correctes − est de
          changer la situation politique, sociale et économique du pays où l’on intervient, la victoire
          militaire sur le terrain contre les forces régulières ennemies (qui n’existent pas toujours)
          n’est qu’un premier résultat.
             Encore plus importante est la phase suivante, dans laquelle il faut garantir tout à la fois
          la sécurité et la reconstruction. Comme dans toutes les opérations de contre-guérilla, les as-
          pects non militaires sont importants pour obtenir le soutien et la collaboration de la popula-
          tion. le véritable succès se mesurera ensuite à long terme: «la guerre est donc étroitement
          liée à l’après-guerre et la composante militaire à la civile ... La guerre moderne se gagne
          ou se perd sur la base des résultats de ce que l’on fait après et non pas dans l’élimination
          de l’adversaire. Par la phase de l’après-guerre l’on comprend si la guerre ou les opérations
          ont servi à quelque chose» .
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          52    Galli della loggia, Il mondo contemporaneo ..., pages 266-68 (tout le chap. VII, L’Occidente alla guerra,
              est très intéressant). Grâce aux modernes systèmes d’arme, le soldat occidental s’efforce de «ne pas entrer
              en contact avec les effusions de sang» (Qiao Liang-Wang Xiangsui, Guerra senza limiti. L’arte della guerra
              asimmetrica fra terrorismo e globalizzazione, Gorizia, 2001. page 75 [I édit., Pékin,1999; La guerre hors
              limites, traduit du chinois et annoté par H. Denes, Paris, 2006].
          53  Pour une exposition synthétique, voir J. Pimlott (éd.), British Military Operations 1945-1984, londres,
              1984.
          54  F. Mini, La guerra dopo la guerra. Soldati, burocrati e mercenari nell’epoca della pace virtuale,
              Torino 2003, page 173.
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