Page 100 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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           a changé par rapport à l’époque du colonialisme et de la décolonisation, les conflits conti-
           nuent, pour les pays occidentaux, dans les théâtres géopolitiques du Tiers-Monde, sous
           forme d’opérations de peace enforcement, guerre au terrorisme, interventions militaires
           visant au regime change et au state building.
              Au Tiers-Monde les guerres ethniques, tribales et civiles, que le colonialisme avait for-
           tement limitées, ont réapparues massivement . En Europe même et à ses frontières les plus
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           proches, des conflits en même temps civils et interétatiques ont réapparus, comme dans la
           ex-Yougoslavie et au Caucase. En d’autres mots, les guerres menées sur la base de règles
           visant à en limiter la cruauté ont presque disparues, tandis qu’on assiste à une prolifération
           des conflits pour lesquels la violation des dites règles fait partie intégrante des tactiques
           mises en œuvre et la population civile est pleinement impliquée dans les opérations. au
           début du XX siècle la proportion entre victimes militaires et civiles était de huit contre un;
           au cours de la seconde guerre mondiale on atteint une situation d’égalité; aujourd’hui le
           rapport a été inversé, soit un militaire mort contre huit civils.
              Bien  évidemment, il faut aussi tenir compte d’une autre donnée selon laquelle au XX
           siècle les conflits infra étatiques ont causé 119 millions de victimes et les conflits interé-
           tatiques en ont causés 36 millions . Une fois terminée la Guerre Froide et le danger d’un
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           affrontement nucléaire global disparu, l’Occident, les habitants des pays occidentaux, où
           les guerres interétatiques et civiles ont été abolies, ainsi que la conscription obligatoire,
           pouvaient se considérer à l’abri de tout danger ; au contraire, à l’heure actuelle c’est la
           menace du terrorisme de matrice islamique qui est suspendue sur leur tête et les civils oc-
           cidentaux aussi sont menacés de mort .
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               nous rappellent l’époque des  guerres de religion: les conflits ne sont pas de nature économique, comme à
               l’Occident, ou stratégique, comme en Asie, mais idéologique et religieuse. Les acteurs dénient l’un l’autre
               leur légitimité  (Does America Need a Foreign Policy?: toward a Diplomacy for the 21  Century, New York,
                                                                         st
               2001, pp. 25-26). Robert Cooper, ancien conseiller de politique étrangère de M. Blair, à présent directeur
               général des affaires étrangères de l’UE partage le monde en trois zones géopolitiques les  postmodern states,
               comme les états de l’UE qui ne font jamais de guerre entre eux; les modern states, bismarckiens, souvent
               dotés d’armements nucléaires, comme la Chine et l’Inde, qui pourraient utiliser leur puissance; les «post-
               imperial chaos» des premodern states, qui demandent la présence “coloniale” des constructeurs de nations et
               de paix (The Breaking of Nations: Order and Chaos in the Twenty-first Century, New York, 2003, chapitres
               1-2).
           36  «Même si on tient compte de l’aide apportée par les mitrailleuses et les explosifs à haut potentiel, le nom-
               bre total des morts causés par les européens en Afrique et en Asie doit avoir été insignifiant par rapport au
               nombre des morts infligés pas leurs propres bourreaux, en Afrique moyennant des guerres, en Asie par la
               répression des émeutes ... Face aux coûts de la conquête occidentale il faut considérer qu’elle mit fin à une
               effusion de sang endémique datant de longtemps» (V. G. Kiernan, European Empires from Conquest to Col-
               lapse 1815-1960, Leicester, 1982, p. 227).
           37    Voir J.-J. Roche, Théories des relations internationales, Paris, 2006, p. 104. Selon d’autres calculs, les civils
               morts s’élevèrent à 10% pendant la I guerre mondiale, à 52% au cours de la seconde guerre mondiale, et à
               90% pendant les guerres qui ont eu lieu après 1945 (R. Toscano, Il volto del nemico. La sfida dell’etica nelle
               relazioni internazionali, Milan, 2000, p. 150, n. 49).
           38    E. Cecchini observe que  (Storia della guerriglia. Dall’antichità all’età nucleare, Milano, 1990): «Si l’his-
               toire de la guérilla – sans règles, féroce et sans discernement – peut être considérée, sous plusieurs aspects,
               comme faisant partie intégrante de l’histoire militaire, l’histoire du terrorisme appartient à la criminologie».
               Malheureusement il n’existe pas une définition de terrorisme acceptée au niveau international permettant
               d’établir une différence entre les guérillas et les guerres de libération;  il s’agit, en effet, d’un vieux problè-
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