Page 102 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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102 XXXIV Congresso della CommIssIone InternazIonale dI storIa mIlItare • CIHm
l’Occident en guerre dans d’autres théâtres géOPOlitiques
«Le droit international européen relatif à la guerre territoriale entre États» a réussi à
réglementer et limiter la guerre, «reste à savoir comment il pourra s’adapter à d’autres peu-
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ples qui n’ont connu, dans leur histoire, que des guerres coloniales ou civiles» . en réalité,
les Européens et les Américains eux-mêmes, entre le XIX et le XX siècle déjà, en combat-
tant dans les théâtres du Tiers-Monde n’appliquaient pas les règles de ce droit. Au début du
XX siècle, pour dompter la guérilla indépendantiste dans les Philippines, les Américains
adoptèrent une stratégie de terre brûlée qui consistait à ne pas faire de prisonniers et à tuer
des civils sans discrimination . Dans ces mêmes années à peu près, lors de la guerre anglo-
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boère, les anglais instituèrent des camps de concentration dont les conditions provoquè-
rent une très grande mortalité des civils qui y étaient internés. Dans le manuel de droit de
la guerre britannique de 1914 l’on pouvait lire: «Il faut souligner que les dispositions du
droit international ne s’appliquent qu’aux guerres menées entre nations civilisées, lorsque
les deux parties sont en mesure de les comprendre et de les appliquer. Elle ne s’appliquent
pas aux guerres contre les états et les tribus non civilisées [vis-à-vis desquels le rôle de ces
dispositions] est remplacé par la pouvoir discrétionnaire des commandants, ainsi que par
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les principes de justice et d’humanité dictés par les circonstances spécifiques» .
L’historien Ernesto Galli della Loggia observe à son tour que «dans la seconde moitié
du XX siècle», «l’organisation transnationale de la guerre partisane», «la guérilla a contri-
bué, plus que toute autre chose, à désagréger certains points essentiels du droit internatio-
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nal régissant les rapports entre les États» . En réalité, durant les guérillas anti-occidentales
(où le communisme et l’anticolonialisme étaient souvent étroitement liés) avaient déjà été
observés plusieurs des caractères des conflits d’aujourd’hui: guerres asymétriques, opéra-
tions de peace enforcement, interventions militaires dans un but de regime change ou de
state building. Dans ces dernières interventions, le rapport avec les populations civiles est
naturellement fondamental pour obtenir la victoire.
Tout au long de l’histoire, les guerres ont été combattues pour mille et une raisons qu’il
est superflu de rappeler ici. Entre autres, il y avait parfois aussi, comme dans les guerres
de succession du XVIII siècle, celle de choisir ou de changer le souverain ou la forme
politique de l’Etat faisant l’objet de la guerre. Le vainqueur ne se souciait en tout cas
aucunement d’aider le vaincu à se redresser. Il n’en a pas été de même lors de la seconde
guerre mondiale concernant l’Allemagne, le Japon et l’Italie. Durant ce conflit, les manuels
de l’Armée américaine parlaient de civil affairs pour se référer aux activités d’occupation
43 Schmitt, Premessa, cit., page 92. Von Clausewitz parle des raisons pour lesquelles «les guerres des nations
civilisées sont beaucoup moins cruelles et destructrices que celles des nations non-civilisées …» (De la
guerre, cit., pages 52-53), mais, selon Keegan, il ne les approfondìt pas, parce que «Il avait l’intention
d’identifier une théorie universelle de ce que la guerre aurait dû être, et non pas de ce qu’elle était ou avait
été» (A History of Warfare, cit., page 6).
44 M. Boot, The Savage Wars of Peace: Small Wars and the Rise of American Power, New York 2002, pages
99-109.
45 Manual of Military Law, 1914, page 237, par. 7, cit. in G. Pastori, L’Occidente in guerra con gli
«altri»: lezioni storiche, in M. de Leonardis-G. Pastori, Le nuove sfide per la forza militare e la
diplomazia. Il ruolo della NATO, Boulogne, 2007, pages 37-38.
46 Galli della loggia, Il mondo contemporaneo ... cit., page 257.