Page 99 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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          aCta
          une phrase célèbre de Proudhon: ceux qui parlent d’humanité veulent vous tromper» . a
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          ce sujet il faut ancore citer Schmitt qui, en 1929 écrivait: «désormais nous connaissons
          bien la loi sécrète de ce jargon et nous savons très bien que, à l’heure actuelle, la guerre la
          plus terrible ne peut être menée qu’au nom de la paix» . Il s’agissait des origines lointaines
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          d’une novlangue de type orwellienne, s’étant déjà révélées en 1914 avec le slogan, somme
          des illusions (ou des hypocrisies ?) idéalistes de H. G. Wells sur «la guerre pour termi-
          ner toutes les guerres» et qui atteint son sommet en 1999 avec l’oxymoron de la «guerre
          humanitaire» .
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             La condamnation morale de la guerre fut encore plus marquée après la seconde guerre
          mondiale, en raison aussi des dévastations effroyables provoquées. Terroriser et tuer les
          civils par le biais des bombardements aériens avait été une des tactiques mises en œuvre;
          les actions de la lutte partisane et, en particulier, sa répression, avaient impliqué pleinement
          les populations civiles.
             Toutefois, l’exclusion du recours à la force armée de la gamme des options possibles
          fut beaucoup plus évidente dans les pays vaincus, soit Allemagne, Italie et Japon, que dans
          les pays vainqueurs. En tout cas ce fut surtout l’équilibre de la terreur, la destruction mu-
          tuelle assurée , qui évita une guerre générale. La Guerre en Europe ne fut que «froide».
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          Le Vieux Continent connut une période de paix de 45 ans; mais au delà de ses frontières
          cette période ne fut pas aussi pacifique : les deux blocs s’affrontèrent dans les «guerres par
          procuration», de la Corée au Vietnam, jusqu’aux multiples rebellions communistes. Alors
          qu’en Europe la guerre était fausse, « riche et abstraite », ailleurs la guerre était véritable,
          sale, «pauvre et concrète», dans laquelle on pouvait déjà identifier beaucoup d’éléments
          typiques des conflits de la période post-bipolaire . On peut déjà affirmer que  «la guerre
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          froide se moque de toute distinction classique entre guerre, paix et neutralité, entre politi-
          que et économie, entre militaire et civil, entre combattants et non combattants» .
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          les guerres entre la deuXièMe MOitié du XX et le XXi siècle
             Entre la deuxième moitié du XX siècle et le début du siècle courant la typologie de la
          guerre a radicalement changé. Les affrontements entre les nations appartenant à la civilisa-
          tion occidentale ont disparues . Par contre, même si le contexte politique et diplomatique
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          29    Schmitt, Il concetto di ‘politico’, cit., p. 139.
          30    C. Schmitt, L’epoca delle neutralizzazioni e delle spoliticizzazioni,  id., Le categorie del ‘politico’, cit., p. 182.
          31    Voir M. Howard, War and the liberal conscience, Oxford, 1981 [une série de leçons consacrées aux apories
              du pacifisme libéral ], p. 74.
          32    Voir M. de Leonardis, The Cold War as Total War: the Interaction of Military Strategies and Diplomacy from
              “Massive Retaliation” to “Flexible Response”, in The Total War. The Total Defence, 1789-2000, Acta of the
              XXVI  International Congress of Military History, Stockholm, 2001, pp. 383-94.
                   th
          33    les adjectives cités sont utilisés par e. Galli della loggia, Il mondo contemporaneo (1945-1980), Boulogne,
              1982, p. 25.
          34    C. Schmitt, Premessa, mars 1963, in Id., Il concetto di ‘politico’, cit., pp. 99-100.
          35    Quant au recours à la force militaire, Henry Kissinger observe que l’Occident démocratique a aboli la guerre
              à l’intérieur de ses frontières. L’Asie ressemble à l’Europe du XIX siècle: les Grandes Puissance, à savoir
              la Russie, l’Inde, la Chine et le Japon se voient comme des rivales stratégiques; la paix est fondée sur
              l’équilibre, mais la guerre n’est pas exclue de la gamme d’options possibles. Les conflits aux Moyen Orient
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