Page 95 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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Au cours des siècles pendant lesquels l’Église exerça une influence maximum sur les
règles à adopter à l’intérieur de la Respublica Christiana, elle agit aussi pour réglementer
le phénomène de la guerre, en limitant son champ d’action, sa cruauté et sa durée. La pre-
mière mesure adoptée fut la Paix de Dieu, organisée à partir de la fin du X siècle et pro-
gressivement élargie, introduisant la distinction entre combattants et civils, interdisant les
mauvais traitements des femmes, des enfants, des paysans et des prêtres et déclarant l’in-
violabilité des églises et des maisons des paysans. La Trêve de Dieu, instaurée dès le début
du XI siècle, limitait la durée de la guerre en interdisant les combats du premier dimanche
de l’Avent jusqu’à l’octave de l’Epiphanie, du premier jour de Carême jusqu’à l’octave de
l’Ascension et, pendant les autres périodes de l’année, du mercredi soir au lundi matin.
La quarantaine-le-roi, instituée par Philippe Auguste de France, imposait un intervalle
de quarante jours pendant lequel l’offensé ne pouvait venger son injure. Les mesures ci-
tées, tout comme les résolutions actuelles de l’ONU, n’étaient pas toujours honorées et
elles ne valaient qu’entre les chrétiens, toutefois ceux ne les respectaient pas, s’exposaient
à de sévères sanctions matérielles et spirituelles. . «Dans plusieurs régions, − Philippe
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Contamine écrit − pendant la période centrale du Moyen Age, même si la guerre ne
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disparaît pas complètement, on assiste cependant à une marginalisation de la guerre qui
s’inscrivit dans la durée; et, même si une guerre éclatait, ses effets étaient plus ‘canalisés’».
«les modalités de la guerre courtoise», en raison des armements utilisés, ainsi que des
défenses et des tactiques mises en place, menaient à des affrontements peut sanglants et
chevaleresques, au moins entre chrétiens .
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la successiOn de différents tyPes de guerre à l’éPOque MOderne et
cOnteMPOraine
Au début de l’age moderne, à l’occasion des guerres du XVI siècle et de la première
moitié du XVII siècle, les conflits armés devinrent plus âpres, en conséquence de la «ré-
volution militaire» , avec une utilisation élargie de la poudre à canon, de nouveaux ar-
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mements et de nouveaux modèles organisationnels, ainsi que de l’élément idéologique
représenté par les conflits religieux entraînés par la réforme protestante.
Après la Paix de Westphalie de 1648, cependant, la guerre prend à nouveau un carac-
tère plus limité, encore une fois pour des raisons techniques et ‘idéologiques’. Les armées
professionnelles du XVIII siècle représentaient un bien précieux, que les commandants ne
souhaitaient pas mettre en danger dans le cadre de batailles décisives . L’organisation et
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11 R. Pernoud, Lumière du moyen age, Paris, 1944, pp. 91-93.
12 Cette phrase n’apparaît qu’à la page 13 de l’Introduzione all’edizione italiana (P. Contamine, La guerra nel
Medioevo, Boulogne, 1986; l’édition originale française est La Guerre au moyen όge, Paris, 1986). Par rap-
port au sujet de notre intérêt, voir notamment le IX chapitre (X dans l’édition italienne), abordant de manière
assez approfondie et articulée le même thème analysé de manière synthétique par M.me Pernoud.
13 Voir La Guerre au moyen όge, cit., pp. 414-15.
14 Voir G. Parker, The military revolution: military innovation and the rise of the West, 1500-
1800, Cambridge, 1988.
15 «Je ne suis pas pour les batailles rangées, surtout au commencement d’une guerre – le Maréchal Maurice de
Saxe écrivait en 1732 dans ses Rêveries de Guerre - et je suis convaincu qu’un général pourrait même faire