Page 103 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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dans les territoires libérés et par contre de military government pour celles dans les pays
ennemis conquis . Dans les premiers, les nécessités de l’Armée et les objectifs des Alliés
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pouvaient être largement satisfaits et atteints à travers les lois et le personnel local exis-
tants, dans les seconds étaient nécessaires des changements drastiques dans les lois, dans
les institutions et dans les fonctionnaires. Dans le premier cas, le modèle était celui de la
indirect rule, déjà largement utilisé par les Britanniques dans leur empire. la France et
l’Europe Nord-Occidentale furent des exemples du premier type d’activité, l’Allemagne et
le Japon de la seconde, l’Italie étant dans une situation plus semblable aux premières après
les armistices de septembre 1943. Une Civil Affairs Division fut constituée auprès du War
Department, sous la dénomination de Provost Marshal General’s Office, pour coordonner
la planification et l’instruction du personnel à employer, pour lequel fut organisée une
école spéciale à Charlottesville et furent créées des sections G-5 (civil affairs and military
government) au niveau de groupes d’armées, de corps d’armée et même de division .
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Dans les pays ennemis conquis, le but de l’occupation militaire anglo-américaine était
d’éliminer les structures autoritaires ou totalitaires et de jeter les bases pour la transition
vers un ordre politique interne différent, prélude à son tour d’un nouvel ordre international.
Il y avait une coexistence difficile de nécessités militaires (le territoire libéré était aussi
l’arrière du front) et d’exigences politico-administratives, en particulier dans un pays tel
que l’Italie où le front avançait lentement vers le nord du mois de septembre 1943 au mois
d’avril 1945. Les militaires étaient fort inquiets de leurs tâches civiles. « Je serai très heu-
reux lorsque j’arriverai à m’affranchir de ces questions ne rentrant pas dans les cadre des
tâches militaires! – écrivait en novembre 1942 le Général Eisenhower au chef d’Etat Major
de l’Armée, le Général Marshall, au début de la campagne en Afrique du Nord – Chaque
semaine semble avoir une durée de dix ans, neuf desquels au moins sont consacrés aux
problèmes politiques et économiques». En entrant dans une ville sicilienne, un officier
américain commentait en juillet 1943: «Que de casse-tête que j’ai rencontrés. Le système
d’approvisionnement en eau est endommagé. Pas d’énergie. Pas de nourriture. Pas de com-
bustible et, partout dans la ville, des cadavres à enterrer» .
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Les activités civiles exigeaient des capacités différentes de celles qui font normalement
partie d’une instruction militaire. En particulier, il fallait être capable d’évaluer les infor-
mations et conseils fournis par les notables de la population administrée. A cette époque-là,
l’Armée américaine était, comme toutes les autres, basée sur le recrutement et il était donc
possible de disposer de nombreux officiers qui, dans la vie civile, exerçaient les plus diver-
ses tâches administratives. Un autre avantage, dans la seconde guerre mondiale, était que
− contrairement à ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan ou en Iraq − dans le territoire
conquis ou libéré les opérations militaires avaient effectivement cessé et qu’il n’y avait pas
d’activités de guérilla ou de sabotage.
47 Voir H. L. Coles-A.K. Weinberg, Civil Affairs: Soldiers Become Governors, Washington D.C., 1964, page
IX.
48 Par brièveté l’on se réfère ici à l’expérience américaine; rappelons cependant que, à l’exception du Japon,
l’occupation fut conjointe des Anglo-Américains. Sur l’organisation britannique, voir F. S. V. Donnison,
Civil Affairs and Military Government: Central Organisation and Planning, Londres, 1966.
49 Coles-Weinberg, op. cit., pages 45 et 192.