Page 262 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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262                                XXXIV Congresso della CommIssIone InternazIonale dI storIa mIlItare • CIHm

              Soult apparaissait alors comme un « général capable, laborieux, actif et ferme jusqu’à
           la dureté » , d’où son surnom de Bras de fer chez les troupiers. Après la victoire d’Ocaña
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           (19/11/1809), il prôna de fusiller les transfuges récidivistes, nombreux parmi les 26 000 pri-
           sonniers , à l’opposé de la politique de clémence adoptée par le roi Joseph depuis son entrée
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           en Espagne. Il conçut aussi, inspiré par ses expériences antérieures de la « guerre populaire »
           (Suisse en 1799, Barbets piémontais en 1800-1801), un projet novateur de contre-insurrec-
           tion, se distinguant tant des vues de Napoléon, exclusivement militaires, que de celles de
           son frère, avant tout politiques. L’Andalousie facilement conquise au printemps suivant lui
           permit de l’expérimenter en y instaurant une dictature militaire, sitôt le roi reparti pour Ma-
           drid, début mai 1810. Il le fit avec le soutien tacite de l’Empereur, qui attendait que le Midi
           pourvoie avant tout à l’entretien de ses soldats .
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           un PrOcessus de guerre tOtale
              Avant même le départ du roi, Soult formula une doctrine de pacification à l’usage de ses
           subordonnés, incompatible avec les vues de Joseph. occultée dans ses Mémoires, elle est
           manifeste dans sa correspondance (conservée à Vincennes et aux Archives Nationales) et ses
           nombreuses proclamations, hélas très dispersées dans la presse officielle josefina et de multi-
           ples fonds d’archives, y compris ceux de diverses municipalités andalouses.
              Elle se nourrit d’un complexe obsidional croissant, qu’elle entretient aussi :
           •   Éloignement de l’Andalousie, difficultés logistiques et nombreuses ponctions des offi-
              ciers supérieurs français sur le matériel (important convoi de poudre détourné par Ney en
              mai 1810) et les renforts destinés à l’Armée du Midi.
           •   Présence d’armées ennemies sur les confins portugais, à Cadix et à Murcie.
           •   Menace latente sur le littoral suite à la suprématie maritime anglaise, appuyée de surcroît
              par les bases alors inexpugnables de Gibraltar et Cadix, même si elle ne fut que peu em-
              ployée dans les premiers temps, sans doute à cause du fiasco du débarquement de Lord
              Blayney à Fuengirola en octobre 1810.
           •   Essor de la guérilla dès mars 1810.
              « Désormais, nous ne devons avoir en Espagne que des amis ou des ennemis, les in-
           différents et ceux qui veulent rester neutres sont dangereux ; il faut les forcer à servir leur
           légitime souverain ou à se prononcer contre, alors on leur fera la guerre et ils subiront le
           sort des vaincus » . En fomentant ainsi la guerre civile, Soult recherche une bipolarisation
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           de la société méridionale, par la compromission et/ou la coercition, suivant une logique qui


           5   Bouillé, Souvenirs et fragments pour servir aux mémoires de ma vie et de mon temps, Paris, Picard, 1911, iii,
               p. 277.
           6   AMAE, Correspondance politique, 680, ordre de Soult du 28/11/1809.
           7   J.-M. Lafon, « Contre-guérilla ou contre-insurrection ? La politique de pacification de Soult en Andalousie
               (1810-1812) », Ocupación y resistencia en la Guerra de la Independencia (1808-1814), Barcelona, Museu
               d’Història de Catalunya, 2005, II, p. 951-971 ; « Occupation, exploitation : le maréchal Soult en Andalousie
               (février 1810-septembre 1812) », France occupée, France occupante. Le gouvernement du territoire en
               temps de crise (de la guerre de Cent ans au régime de Vichy), Y. Delbrel, P. Allorant & Ph. Tanchoux dir.,
               PU d’Orléans, 2008, p. 346-358.
           8   SHD-DAT, C  146, lettre du 17/04/1810 au général Reynier.
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