Page 264 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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           pour l’accomplissement d’un vieux rêve napoléonien, la conquête de l’Afrique du Nord  (la
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           mission de renseignement de Boutin à alger, dont les plans eurent un rôle déterminant pour
           l’expédition de 1830, avait eu lieu entre mai et juillet 1808). Cet éloignement indéfini des
           objectifs était propre à une guerre totale.

           aMbiguïtés et liMites de la « guerre tOtale » en andalOusie
              Ce processus, dont j’ai donné une vision synthétique, s’avérait beaucoup plus heurté et
           empirique dans les faits, malgré une tendance certaine à la radicalisation. Faut-il voir dans
           cette dernière un sentiment d’échec du duc de Dalmatie, tendance assez manifeste chez cer-
           tains historiens andalous tels Martín Turrado Vidal ou Francisco Luis Díaz Torrejón, évo-
           quant volontiers son obsession sécuritaire et sa fièvre répressive  ? Pour ma part, je n’en suis
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           pas aussi sûr ; il me semble qu’elle relève avant tout de la logique de surenchère induite par
           la guerre totale comme par sa rhétorique de prédilection. Elle était de plus sous-tendue par
           la conviction, alors avérée chez Soult, que la solution du conflit était à portée de main, qu’on
           pouvait l’atteindre au prix d’un ultime et décisif effort .
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              J’ai pu en reconstituer quelques étapes. Soult systématisa quelques mesures ponctuelle-
           ment adoptées par certains de ses subordonnés, tels Dessoles à Cordoue (mise en place de
           passeports obligatoires et usage des animaux de selle et de bât réservé aux élites sociales dès
           mars 1810 ) ou Sébastiani à Grenade. Il en imposa d’autres, de façon à obtenir un ensemble
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           cohérent, préventif plutôt que simplement réactif. Cet aperçu chronologique en livre égale-
           ment certaines limites :
           •   Mai 1810 : tournant répressif et strict contrôle de la population (institution des cartes
              de sûreté, limitations censitaires sur l’emploi des chevaux et mulets, blocus des zones
              insurgées).
           •   Juillet 1810 : règlements sur la guerre de course, visant à réserver l’essentiel de ses profits
              à la caisse de l’Armée du Midi.
           •   Novembre 1810 : municipalités rendues responsables de l’ordre public, déboisement des
              abords des principales routes sur 50 toises (environ 100 m).
           •   Octobre - Novembre 1811 : création de la Police d’Andalousie, mise sous tutelle des Jun-
              tes Criminelles Extraordinaires, organismes civils institués par Joseph en mars 1810 afin
              de contrer l’emprise et l’arbitraire de la justice militaire française .
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           •   Mars - Avril 1812 : censure stricte de la correspondance confiée aux maîtres de postes,
              décret de « guerre à mort » et exécutions de soldats espagnols prisonniers par leurs com-


           16   Rapport du 21/08/1810 à l’Empereur, cité par N. Gotteri, Le maréchal Soult, Paris, B. Giovanangeli, 2000,
               p. 397-398.
           17   F. L. Díaz Torrejón, « Política contraguerrillera en la Andalucía napoleónica (1810-1812) », Cortes y Revol-
               ución en el primer liberalismo español. VI Jornadas sobre la batalla de Bailén y la España contemporánea,
               F. Acosta Ramírez (Coord.), Universidad de Jaén, 2006, p. 97-123.
           18   Les Girondins furent les premiers à unir paix définitive et guerre d’extermination dans leur surenchère dia-
               lectique, durant l’hiver 1791, cf. D. A. Bell, The First Total War…, op. cit., p. 114-115.
           19   Décret du 23/03/1810 cité par M. Turrado Vidal, op. cit., p. 225-227.
           20   J.-M. Lafon, « Criminalisation et répression. Les dimensions judiciaires de la pacification en Andalousie
               (1810-1812) », Pour une histoire de la justice militaire : modèles, sources, pistes, Paris, Maison des Sciences
               de l’Homme, 2005 (sous presse).
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