Page 265 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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patriotes ralliés, en réponse à la « petite guerre » de Ballesteros dans la préfecture de
Malaga , « moment où l’on fusillait les prisonniers de part et d’autre » .
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• Août - septembre 1812 : politique de « terre brûlée » lors de l’évacuation de l’Andalousie
(réquisition des dernières ressources financières et agricoles, confiscation des derniers
chevaux et mulets, destruction des établissements industriels et des fortifications…) selon
les recommandations expresses de Soult à ses principaux subordonnés . Ces destructions
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systématiques par l’emploi de fourneaux de mine pouvaient s’avérer dangereuses : l’ex-
plosion du couvent fortifié d’Alhaurín el Grande, près de Malaga, fit 104 victimes parmi
les habitants .
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Malgré ses affirmations de la nécessité de rallier le petit peuple andalou, « peuple vrai-
ment espagnol, peuple rude, presque sauvage, fait aux privations, aimant la vie aventureuse,
habitué à porter les armes, exalté par les passions les plus vives » , il s’agissait bien d’une
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politique de classe. Elle bénéficiait en priorité aux oligarchies municipales (grands fermiers,
hidalgos, négociants) qui constituaient la base des gardes civiques au service de l’occupant et
profitaient des marchés militaires, ainsi que de l’acquisition de Biens Nationaux et du patri-
moine communal. Soult se conformait ici aux conceptions de Napoléon sur le rôle crucial des
notables , comme à la dérive conservatrice du régime impérial, en multipliant faveurs et pas-
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se-droits à la noblesse et au haut-clergé, en échange de leur ralliement, au moins nominal.
Dans ces conditions, les « brigands » relevaient surtout du prolétariat rural, poussé à la
délinquance par soif de revanche, attrait du pillage ou instinct de survie… C’était lui qui
subirait les principaux « dommages collatéraux » de l’occupation, dans l’indifférence des
chefs militaires impériaux, qui le rendaient seul responsable des misères endurées par son
obstination dans le « crime ». « Je suis fâché que les habitants [de la préfecture de Jerez]
souffrent [de la famine], mais c’est de leur faute, ils se sont attirés ces malheurs par leur
conduite antérieure » .
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Cet état d’esprit se diffusa chez ses subordonnés. Ainsi, pour le général Maransin, dernier
gouverneur de Malaga : « Que les habitants prennent tous les armes, aillent grossir l’armée
ennemie si cela leur convient, mais en attendant, il faut les obliger à déterrer leur argent et à
payer leurs dettes. Ils ne font pas tant les récalcitrants quand Ballesteros [un général patriote,
particulièrement doué pour la « petite guerre »] se présente : il trouve des ressources partout.
21 P. Romero Gabella, « Ecos de la Vendée en un manifiesto de Soult (1812): guerra de opinión y guerra a
muerte », Las guerras en el primer tercio del siglo XIX en España y América, P. Castañeda Delgado (Coord.),
Madrid, Deimos, 2005, II, p. 327-345.
22 J.-B. d’Héralde, op. cit., p. 181.
23 AN, 402 AP 50, ordres de Soult au général Digeon du 01/08/1812, au général Sémellé du 02/08/1812,
au général Conroux des 05 et 15/08/1812, au général Villatte du 11/08/1812, et au général Vichery du
29/08/1812.
24 S. D. Pérez González, « La Guerra de la Independencia en Alhaurín el Grande », La Guerra de la Indepen-
dencia en Málaga y su provincia, M. Reder Gadow & E. Mendoza García (Coord.), Málaga, CEDMA, 2005,
p. 553-570, p. 567.
25 Soult, Mémoires…, op. cit., p. 177.
26 a. Casanova, Napoléon et la pensée de son temps. Une histoire intellectuelle singulière, Paris, la Boutique
de l’Histoire, 2000, p. 114-120 et 255-256.
27 AN, AP 402 49, lettre de Soult au général Villatte du 27/04/1812.