Page 61 - 1992 - XVIII Congresso Internazionale di Storia Militare
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LA MORAI.E DES CONQlJISTADORES 27
La !eme à l'Empereur de Francisco de OreUana (21 novembre 1544) n'était
ni la première ni la dernière. Le conquistador insisre su.r le faic que rouc ce qu'il
accomplit est '"sur ordre de V.M., pour la conversioo er pac.ifìcacion cles oarurels ...
Si certaioes choses o'onc pas éré effecruées rapidemeot, c'est la faure de ce ver de
terre qui s'esr enrremis", c'esc-à-dire son chef, Gonzalo Pizarro.
Orellana reprend dans sa lecrre la dialeccique d"Herruin Corcés- Moi, je sers,
mais il y a quelqu"un qui gene pour que je ne serve pas. Le verde r~e qui s'entte·
mer aux Indes- pour OreUana iJ s'agissa.ir du mouvement pizan:isre alors e n ger-
me et qui, à la mort de Don Francisco moorrait déjà l.e bout de l"ore.ille- altère
les nobles fins de l"évangélisation et prérend !es remplacer par l'ancienne rançon.
L'inrcrcuption dans la conquere semble à Orellaoa une trahison éthique, un obsta·
cle pour le service du Roi, obst.ade qu"il faut éliminer parla seuie voie légal.e possi-
ble, le procès pour demander des comptes sur son mandar et le recour à la péniosuie
sous !es chaines du cransgresseUI de la norme, GonzaJo Pizarro.
Chaque conquistador, comme nous le voyons, revendique l'inrerpréracion exacte
de ce qui doir etre fait, là-bas, aux lndes. 11 le fait non seulemenr parce qu'il con-
naie le pays et ses habitants, mais aussi parce qu'il croit avoir saisi le sens de la
volonré du Roi mieux que le sédencaire récemmem arrivé aux Indes camme offi·
cier du propre Roi ou de l'Empereur.
Dans la Stiplica rkl conquistador Be/alcazar aJ Rty (16 aout 1544), comiderando i m-
procedente la supresitin de las encomiendas, (considéram le non-fondé de la su ppression
des '"encomiendas"), oo assisrera égalemenr à rouc un prodige d"équilibre pour par-
venir à subordonner sa mor:aJe de conquistador à l'espcir d"obé.issance envers !es
desseins de la Couronne.
Les Espagnols de Popayan devaienr leur pauvreré au caracrère récenr de la con·
quete, "sans que certe rerre ai t donné jusqu'à présenr de quoi en tirer profit".
Les lnd.iens de cetre adrnin:istration étaieuc des "gens sauvages et si dépourvus
de raisoo que le plus fon me ses voisins pour boire leur sang".
Les lndi.ens étaiem pauvres et vivaieor dispersés de sorte que "Ics Espagnols
ne pourrontsubsister sans eux ... ni les lndiens sans les Espagnols ... vivre dans
l'or dr e er la raison".
Popayan est la dernière région à erre conquise etles Espagnols ""onr acquis l'ex-
périence de ne pas maltra.irer les Indiens pour éviter leur diminution"".
Les habitants om beaucoup de dépenses pour ··emrerenir des soldats comre
les Jndiens rebelles en huic ans de campagne».
La région manque de foneresse, de mu.nitions et d"aurres moyens poor ""la ce-
nir, si ce n'est par les Espagnols eux-mèmes".
Le conreDu de cetre letrre de Belalcazar sera d"aucam plus surprenanr pour
l'historien Luce n a Salmoral, que ce furenr l es horreurs de la c.onquete de ·Papa yan
qui décidèrent le père Barcolomé de Las Casas à écrire sa Brw/sima relacion de la
ikslrllccùi'l de las lndiaJ en 1542, bien que, par erreur, Las Casas les aru:ibue à Jimé-
nez de Quesada ...