Page 57 - 1992 - XVIII Congresso Internazionale di Storia Militare
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1.11 MORAJ.E DES CONQUISTADORES 23
pouvoir et des richesses - er com me une guerre des dieux - au profìr du niom-
phe de la vérité sur la barbarie.
Antonio Uslar Pietri a centré ses récerires réflexions sur un dualisme parado-
xal. " La nécessicé de dominer et d'obtenir pouvoir er richesses, heurtaienc cond-
nuellt:mcnt !es principes er la morale cathoHque". Une vision de conscience, unique
dans l'hiscoire du monde, écrir-il, due surgi.r. " La population indienoe fur soumise
et son systèrne de croyaoces modifié, en échouam sur le temporel: en fai re des pay-
sans de Casrille, et eo réussissam sur le spiriruel: les convertirà la foi carbolique".
Le conquistador n'assuma jamais persoonellemenr le thème de la conversion,
mais il la rendir possible. Il assuma, parfois sans treve oi repos, le thème de la
transformacion cles Iodiens en paysans, er en cela il écboua complètemenc. La res·
ponsabiliré de cet échec n'appartiene pas au conquistador espagnol. Pas plus qu'au
colonisateur européen des siècles suivancs, vu les raisons profondes qui permer-
taienr la cooversion religieuse, mais non le changemenr de mode de vie de la popu-
larion indigène. "Les colcos de NouveHe Aogleterre voulaienc vivre dans roure sa
pureté leur propre foi chrétienne, mais ils ne considérèrenc jamais l'évangélisacioo
des indigènes camme la raison principale de leur eotreprise. La séparation entre
ce qui revenait à César et ce qui revenaic à Di eu fu c complèce".
Cortés ne voulait pas dissocier la conquere de l'évangélisarion, mais ses com·
pagnons se désinréressèrenc de ce en quoi ils ne se considéraienr pas exemplaires,
la caréchèse. Leur présencacìon en rant que héros qui se rrouvenr au-dessus des li-
mices apparenres de la condition humaine, incarne un grand moment de la culture
originaire de Casrille. Chaque conquistador veut "etre un lion, un aigle et un re-
nard, profondémenr marqué par ses croyances". Uslar Pietri a vu et reconnu le
succès de ce qui n'étair pas recbercbé - l'évangélisarion - en conrraste avec l'é-
chec de ce qui était vi sé- l'érablissement- camme une dérivation du choc entre
les dieux plucot que du choc enrre les hommes.
"Ce qui s'ouvre immédiatemenc, c·e·sr le cooflit religieux qui va tout dominer
et déterminer. Non la guerre cles l)ommes, qu.i pouvait connalne de nombreux ty·
pes d'accommodemenc, mais la guerre des dieux, qui n'admec pas de trève".
La morale de combat cles conquistadores ne dédioera pas cane que subsisrera
l'idolatrie de I'Indien. Elle se rrouve encouragée par une ucopie chrérienne, c'est-à-
dire par le mythe de la NouveUe Chrétiencé, camme dirairJacques Maricain à no-
tre époque. Le grand promoteur de l'évangélisation, Corcés, jusrifiera ceci par le
fair que l'lndien du Mexique, étant très supérieur à l'lndien cles Ancilles, pourra
etre un bon chrétien:
"Dans son service et dans ses manières. il y a presque la meme façon de vivre
qu'eo Espagne et avec aurant d'harmonie et d'ordce".
Ce que ces lndiens onr de crop, ce sont les anocirés, er ce qui leur manque,
c'est la connaissance du vrai Dieu. Corrés qpit possible le n.ivellemenr enue les
hommes des croupes espagnoles et la IDI\sse cles lndiens, à travers l'érablissement
d'un régime seigneurial, analogue à ce.lui cles Ordres Milicaires de Chevalerie d'Estré·