Page 55 - 1992 - XVIII Congresso Internazionale di Storia Militare
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LA  ~lORALE DllS CONQIJISTADORES                         21

       que "le thèmc dcs briganrins importait de grande imporcancc", conccc l'avis des
       capiraincs qui, naturcllement, valorisaiem davamage les mérires du combat à tcr·
       re.  De là, G6mara passe à  une descripcion  habile des verrus de Hernan Corrés,
       où se me lene quelques défaurs mineurs pour ainsi mieux meme en valeur ses mérites.
           "Hernan Conés érait de belle taiUe, robuste ec large de poicrioe; la  cece grise,
       la barbe claire, Ics  cheveux  longs.  Il  avair une grande force,  un grand courage cr
       de l'habileré pour les armes. li fut curbulenr dans sa jeunesse er posé dans son age
       mur  er de la sone occupa dans la guerre un bon  poste".
           Le ponrait, rcès favorable, se réaffirme comme valable dans l'essentiel, préci·
       sémenc  parce qu'il inclut ccs  défaurs  mineurs,  que ne corrigenc pas Ics ans:
           "Il  fur crès  porcé sur les  femmes  et s'y adonna coujours.  De meme  pour  le
        jeu ...  li fut grand mangeur ec  buveur modéré,  vivanc dans  l'abondance ... li érait
       due dans la  querclle, et connut ainsi plus de procès qu'il  ne convenait à son érar ...
       li s'habilla.ic avec plus de propreré que dc .ricbessc et de la sorte érair un bomme
       crès soigné.ll se complaisair à avoir grande ma.ison et fa.mille ... llétait dévòc, priait
       et connaissait par creur de nombreuses oraisons et psaumes; parciculièrcment cha·
       ritablc ... ".
           L'analyse de la  morale des conquistadores, ch~z Bcrnal del Castillo, n'est pas
       si cenrcée sur la figure humaine du héros Cortés que sur la qualité d'une prouesse
       colleccivc. Le chapitre XCV dc La Bi.wwia vtrdadera s'applique à  nous offrir,  au
       lieu  du  héros isolé,  un  nous significatif.
           "Et Ics  personnes qui onc la curios.ité dc lire ceci doivent considérer Ics gran·
       des choses que nous avons alors accomplies: échouer avec oos oavires; et aussi oser
       pénércer dans une au ssi  forte cité, malgré l.es nombreux avertissemenrs selon  les-
       quels nous aJiions y ctrc cués aussitot à  l'iorérieur; et e.ocore avoir la grande audace
       de faire prisoonier  le grand Monrezum.a  qui était le roi  de ce pays,  dans sa ville
        meme et dans ses  propres paJais -  aJors  qu"il  avait une. gacde de si  nombrcul<
       guerriers; et encore oser briìler ses capitaines dcvant scs  palais: et le mettre aux
        fers pcndant que se faisait jusrice;  maimenanc que  je suis vieux,  je m'arrère sou·
       vene à considérer les cboses hérolqucs que oous avons con.nucs à certe époque-là,
       er il  me semble que je les vois présenres. Er je me dis quc ce o'écait pas nous qui
        réalisions  nos exploirs, mais que tour était dirigé par Dicu".
           La morale des conquistadores érait basée sur cles événemenrs si remarquables
       que, sclon Berna!, il convenair d'y voir la main de Dieu. Elle consistait en une éthi·
       que du Bien dans la mesure où ce Bien apparait sous la forme de "prouesse". Ce
        n'était pas et ce ne prérendait pas erre une éthique de l' "reuvre bien faite"  dans
       le contexre du message évangélique-. La guerre conrre J'Indien est légitimée, e n eUe-
       meme, camme une occasion pour qu'un groupe d'bommes se distingue cles autres.
           Les théologues, Ics  jurisrcs et Ics moralisres espagnols du XVT•  siède prirenr
       une base plus complexe au  moment de  juger les  faits comme bons ou  mauvais.
       Mais lls  tardèreor à  exprimer lcurs dourcs et different rcop l'exercice dc lcur  re·
       sponsabilité.
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