Page 95 - 150° Anniversario II Guerra d'Indipendenza - Atti 5-6 novembre 2009
P. 95

l’effort de Guerre français durant le conflit de 1859                95



                   L’effort de guerre français durant
                   le conflit de 1859

                   Prof. Jean David Avenel,

                   Président de la Commission française d’Histoire militaire



                        a guerre d’Italie est la conséquence du projet ambitieux de Napoléon III
                   L de faire réviser le traité de 1815 en tenant compte du principe des natio-
                   nalités auquel il était très attaché, de retrouver l’unité intérieure française et
                   de former une confédération d’Etats italiens libérés de l’influence autrichien-
                   ne mais sensible à l’influence française. Préparée dans le plus grand secret de
                   façon à ne pas alerter les autres grandes puissances rivales de la France et à
                   ne pas heurter une partie de l’opinion publique nationale catholique hostile à
                   une intervention, elle fut, sur le plan militaire, une suite d’improvisations tant
                   en ce qui concerne l’effort logistique que la stratégie. Elle apparut cependant
                   aux yeux des contemporains comme une grande victoire qui renforça tempo-
                   rairement le prestige de la France. L’effort fourni par le pays fut particulière-
                   ment important et nous l’étudierons dans les lignes qui suivent du point de
                   vue sur le plan matériel et humain.

                   L’effort  matériel  de  la  France  fut  considérable.  Le  gouvernement  émit  un
                   emprunt de 500 millions de francs, voté début mai par le Corps législatif. Il
                   permit de payer les fournisseurs et d’ouvrir des comptes dans plusieurs villes
                   italiennes de façon à louer des voitures, acheter de la viande, des couvertures
                   et des souliers. Dès la déclaration de guerre, le ministre de la Guerre, le ma-
                   réchal Vaillant, passa des contrats de fournitures avec le baron de Rotschild :
                   huit millions de rations  de biscuits, huit millions de kilogrammes de viande
                   de lard, 800 000 rations de foin. L’avoine et l’orge étaient acheminées depuis
                   l’Algérie et stockés  à Gênes avant leur envoi à Alexandrie. Malgré cela, un
                   certain désordre régna durant les premiers jours de la guerre : Napoléon III,
                   qui avait voulu préserver le secret autour de ses intentions de faire la guerre,
                   avait interdit les préparatifs de façon à ne pas alerter l’opinion publique inter-
                   nationale. Il en résulta une pagaille et une improvisation : on ne disposait que
                   de 32 batteries nouvelles, dont les artilleurs ne savaient pas se servir, en mai.
                   Il manquait 20 000 chevaux pour les trains des équipages et des réserves pour
                   les approvisionnements. Le mot d’ordre des soldats fin avril était « on se dé-
                   brouille » et le général Trochu évoque, dans ses rapports, les « sans culottes,
   90   91   92   93   94   95   96   97   98   99   100