Page 99 - 150° Anniversario II Guerra d'Indipendenza - Atti 5-6 novembre 2009
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l’effort de Guerre français durant le conflit de 1859                99



                   durant les grandes batailles. A Magenta, aucun plan d’action n’est mis en pla-
                   ce, l’armée française n’engage que 50% de ses effectifs faute d’informations
                   et de réflexion : 12 brigades sur 28, soit 47 000, 1 200 cavaliers et 87 pièces
                   d’artillerie. Les renforts étaient tributaires d’un unique axe de communication
                   très encombré.
                   Malgré cela, les officiers étaient de qualité. Peu cultivés, ils faisaient montre
                   de bravoure et d’intrépidité ainsi qu’en témoigne l’importance des pertes : 196
                   morts et 863 blessés durant la campagne. Peu habiles du point de vue tactique,
                   ils étaient scrupuleux et attachés au respect du règlement. Ils se considéraient
                   comme destinés à donner et à recevoir les coups et n’aspiraient qu’à charger
                   l’ennemi. Les deux-tiers étaient des officiers de fortune issus des sous-offi-
                   ciers et n’avaient jamais reçu de formation théorique. Leur idéal était de réali-
                   ser un exploit sur le petit champ d’opération dont ils avaient la responsabilité
                   afin de gagner une promotion ou d’être décorés, puisque l’empereur décida,
                   peu avant la guerre, de décorer tout régiment ayant capturé un drapeau ennemi
                   de la Légion d’honneur. L’état-major, quant à lui, espérait que la somme des
                   exploits individuels aboutirait à la victoire sur le terrain.
                   Le maréchalat était pour ces hommes la récompense suprême : Mac- Mahon
                   écrit immédiatement à sa femme le lendemain de Magenta pour lui annoncer
                   la bonne nouvelle. Regnaud de Saint-Jean d’Angély  exprime sa déception de
                   ne pas avoir été promu après la bataille et il faudra que ses soldats montrent
                   leur désapprobation pour que Napoléon III lui accorde enfin la promotion
                   désirée en fin de journée. Il reste que ces hommes ont démontré qu’ils possé-
                   daient des capacités certaines avant de bénéficier de la récompense suprême :
                   Mac-Mahon est d’une bravoure exemplaire, Canrobert est monté au feu à de
                   nombreuses reprises, Niel est un militaire savant. Tous ont été élevés dans le
                   culte de la gloire militaire napoléonienne et veulent réitérer les exploits de
                   leurs prédécesseurs.
                   La bravoure des officiers n’a d’égale que celle des hommes. C’est l’infanterie
                   qui joua le rôle le plus important pendant la guerre. Depuis la loi de 1832, le
                   système du remplacement prévalait : il fallait débourser 2 300 francs-or pour
                   être exonérés. Il était insuffisant en 1859 : sur 42 000 exonérés, on dénombrait
                   13 000 remplaçants, soit un déficit de 29 000 hommes. C’est pour cette raison
                   que les effectifs de l’armée ne dépassaient pas 247 000 hommes ; l’Armée
                   d’Italie en comprenait 107 656, soit un peu moins de la moitié. Cela explique
                   le désir des responsables de ne pas prolonger la campagne plus longtemps
                   alors que la Prusse menaçait de passer à l’offensive et commençait sa mobi-
                   lisation : Moltke déclara le 15 juin que les chemins de fer devaient être prêts
                   afin qu’une armée de 250 000 hommes soit rassemblée sur le Rhin.
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