Page 134 - Il Risorgimento e l'Europa - Attori e protagonisti dell’Unità d’Italia nel 150° anniversario - Atti 9-10 novembre 2010
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134 Il RIsoRgImento e l’euRopa. attoRI e pRotagonIstI dell’unItà d’ItalIa.
régence du prince de Carignan. L’armée autrichienne, qui n’a pas récupéré sa
puissance entamée durant la guerre, est incapable d’intervenir, ce qui fait de
Napoléon III l’arbitre de la situation. Et il va être d’autant plus enclin à agir
que l’Angleterre est favorable à Victor-Emmanuel et est favorable à l’unifi-
cation. Or, Napoléon III ne veut surtout pas perdre le contrôle et l’initiative
des opérations au profit d’un Etat tiers. N’oublions pas que, bien qu’il ait eu
une profonde inclination pour le régime anglais au point de signer avec lui un
traité de libre-échange assez impopulaire, il s’en méfie et se considère en
situation de concurrence avec lui : c’est en partie pour l’empêcher d’acquérir
une totale hégémonie en Chine qu’il s’est lancé à ses côtés dans une expédi-
tion dans ce pays en 1858 !
Bien qu’il n’ait pas à l’automne de cette année 1859 totalement renoncé à
son projet de confédération présidée par le pape, ainsi que le confirme une
lettre écrite à Victor-Emmanuel en octobre, et qu’il n’ait pas encore renoncé
à la neutralité qu’il s’était engagé à respecter à Villafranca, Napoléon III n’en
n’est pas moins impressionné par les mouvements indépendantistes et par la
force du sentiment national qui existe en Italie. La manière dont se sont
déroulés les soulèvements et l’ordre qui règne dans les nouveaux Etats exer-
cent également une profonde influence positive sur cet homme qui n’a plus
l’âme d’un révolutionnaire ardent. En outre, il avait promis en août à son
ami, le comte Arese , qu’il n’interviendrait pas pour restaurer les régimes
déchus et, parmi ses qualités, se trouve celle d’être un homme d’honneur qui
tient ses promesses.
Il est évidemment très difficile de juger si Napoléon III a été dépassé par
les événements de cette fin d’année ou s’il les a indirectement, voire involon-
tairement, pilotés ; aucun document ne permet de trancher et le secret dans
lequel il s’entourait ne facilite pas la tache de l’historien. On ne peut faire que
des suppositions : il connaissait parfaitement l’Italie et avait conservé des
amitiés dans le pays ; il était donc bien informé des événements et, surtout,
de l’attitude de l’opinion publique locale. Sa sympathie allait incontestable-
ment aux mouvements nationaux dans la mesure où ils n’étaient pas révolu-
tionnaires au sens que ce mot pouvait avoir à l’époque. Il est par conséquent
fort possible qu’il ait décidé, avant la signature du traité de Zurich, de laisser
s’accomplir l’unité italienne même si les contraintes de politique intérieure et
que son désir plus ou moins sincère de se réconcilier avec le pape et l’empe-
reur d’Autriche lui interdisaient de l’annoncer ouvertement. Il se peut égale-
ment, qu’ayant perdu la confiance des ultramontains français, il ait estimé
utile de satisfaire une autre partie de son opinion publique, à savoir les bona-
partistes de gauche, parmi lesquels le prince Jérome, et les libéraux. Mais,