Page 137 - Il Risorgimento e l'Europa - Attori e protagonisti dell’Unità d’Italia nel 150° anniversario - Atti 9-10 novembre 2010
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NapoleoN III et l’ItalIe-De l’IDealIsme au RealIsme polItIque 137
Napoléon III adopta une attitude de suiveur qui correspondait à ses aspira-
tions profondes. Il laissa, en accord avec l’Angleterre, Cavour favoriser l’ini-
tiative de Garibaldi dans la mesure où elle ne mettait en question la souverai-
neté du pape sur Rome à laquelle il était malgré tout attaché et, de toute façon,
contraint d’accepter pour ne pas rompre avec les catholiques français, ce qui
eût été désastreux sur le plan interne. Certains historiens citent une phrase
qu’il aurait prononcée à des émissaires de Cavour lui demandant d’approuver
son projet : « Fatte, ma fatte presto » et qui confirmerait sa position favorable
à la réunification. Ils estiment également que cet accord tacite visait à com-
penser le fait que la Vénétie demeurait sous la domination autrichienne, ce
que l’empereur regrettait probablement d’avoir admis à Villafranca. Il put
enfin réparer cette erreur en juillet 1866 lorsque l’empereur d’Autriche lui
proposa de lui céder la Vénétie en échange de la négociation d’un armistice
avec la Prusse. La province fut immédiatement intégrée à l’Italie. A cette
époque, l’Autriche et la France étaient réconciliées et Napoléon III avait
placé Maximilien, le frère de l’empereur, sur le trône éphémère du
Mexique.
Quoiqu’il en soit et pour en revenir aux événements de 1860, Napoléon III
suggéra à Palmerston d’effectuer une démonstration navale devant le détroit
de Messine pour en interdire le franchissement à Garibaldi ; Palmerston
refusa, ce qui permit à l’empereur de faire porter la responsabilité de l’inva-
sion du royaume de Naples à ce dernier et de se dédouaner face à son opinion
publique. On sait ce qu’il advint du sort du royaume.
En conclusion, on peut dire que la politique de Napoléon III face à la réu-
nification italienne illustre parfaitement sa politique étrangère. Elle est
empreinte d’un idéalisme et correspond à un projet ambitieux qui s’inscrit
dans un cadre européen mais est à la limite du rêve. Malgré cela, elle s’inscrit
dans une vision réaliste de la situation politique intérieure et extérieure de son
temps et l’empereur s’adapte parfaitement au jeu des ses adversaires. Il réa-
lise son dessein malgré des concessions apparentes et en proposant des com-
pensations à une partie de son opinion publique qu’il aime soigner : il
enverra, pour satisfaire les catholiques français, une expédition en Chine
pour protéger les missionnaires, une autre au Levant pour protéger la commu-
nauté chrétienne, une autre au Mexique pour y défendre les intérêts de
l’Eglise catholique locale.
En conclusion, L’Italie reste, à notre avis, l’exemple peut-être unique du
succès sur le long terme de cette politique hasardeuse et pleine d’improvisa-
tion. Elle reflète en tout cas assez bien le caractère de Napoléon III : goût de
la persévérance et de la prise de risque dans certaines limites ; elle est égale-