Page 138 - Le Operazioni Interforze e Multinazionali nella Storia Militare - ACTA Tomo I
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           l’expédition (dont il semble avoir été le leader spirituel) reproduit dans une lettre adres-
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           sée à Osberto de Bawdsey, un clerc lié à la maison de Glanville, en Normandie .
              Par ce récit, qui est notre principale source pour l’étude de l’opération , nous sa-
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           vons que le prélat exhorta les croisés à se joindre au monarque portugais dans l’assaut
           contre Lisbonne, vers laquelle Afonso I s’était déjà mis en route dix jours avant, à la
           tête d’une armée de quelque trois mille hommes, y compris de nombreux nobles et
           membres du clergé. Le monarque portugais, prévenu de l’arrivée de la flotte chrétienne,
           avait mobilisé l’évêque pour la recevoir et la diriger vers Lisbonne. Les croisés, parmi
           lesquels de nombreux vétérans (certains avaient déjà participé à la tentative de conquête
           de Lisbonne par D. Afonso, cinq ans auparavant), remués par l’appel de Pedro Pitões
           à la « guerre juste » et motivés par l’attrait du butin, avaient accepté le défi ; vers la fin
           juin, en compagnie de l’évêque de Porto et l’archevêque de Braga, D. João Peculiar, ils
           s’embarquèrent pour Lisbonne.
              Leurs chefs étaient Arnaud de Aerschot (contingent germanique), Christian de Gis-
           telles (Flamands et gens de Boulogne) et, parmi les quelque 4500 anglo-normands, Her-
           vey de Glanville, Simon de Dover, Saher d’Archelles et André de Londres.
              Lisbonne avait alors une muraille maure bien conservée, flanquée de plusieurs tours
           et portes (celles de l’Alfofa et du Fer, à l’ouest, celle de la Mer, au sud, et celles du Soleil
           et de Alfama, à l’est), et était équipée d’engins de jet (peut-être des trébuchets à traction
           humaine).
              La ville était défendue par une bonne garnison (Raoul parle d’effectifs supérieurs à
           15000), mais débordait d’habitants : avec l’approche des chrétiens et la perte de Santa-
           rem, de nombreux musulmans étaient venus se réfugier à Lisbonne, qui abritait mainte-
           nant plus de 60 000 familles!
              Le 28 juin, eut lieu le débarquement des premières troupes chrétiennes, suivi de
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           quelques  escarmouches . Le  roi  rencontra  les  croisés, en  vue  de  la  conclusion  d’un
           2   A Conquista de Lisboa aos Mouros – Relato de um Cruzado, édition, traduction et notes d´Aires A. Nas-
              cimento, Lisboa, Vega (avec une introduction de Maria João Violante Branco). Voir aussi The Conquest
              of Lisbon, traduite par Charles Wendell David, avec une nouvelle préface et une bibliographie par Jona-
              than Philips, New York, Columbia University Press, 2001.
           3  La conquête de Lisbonne est un événement bien documenté et qui connut un grand retentissement en
              Europe. Nous disposons également de la “Carta de Lisboa”, ensemble de lettres envoyées par les croisés
              allemands Vinando (à l’archevêque de Cologne), Amulfo (à l’évêque Milo, de Taruana) et Duodequino
              (prêtre de Logenstein qui adresse une missive à l’abbé Cuono, du monastère de Disibodenberg). Cf.
              Susan Edgington, “Albert of Aachen, St. Bernard and the Second Crusade”, in The Second Crusade.
              Scope and Consequences, ed. J. Philips & M. Hoch, Manchester University Press, 2001, pp. 54-70.
           4   Pour l’étude détaillée de l’opération militaire, voir: Pedro Gomes Barbosa, A Conquista de Lisboa aos
              Mouros. Relato de um Cruzado, Lisboa, Vega, 2001; Miguel Gomes Martins, De Ourique a Aljubarrota,
              Lisboa, Esfera dos Livros, 2011, pp. 77-101; João Gouveia Monteiro, “Entre Lisbonne et Jérusalem
              – la poliorcétique au cours des quatre premières croisades (1097-1204)”, in Revista de História da
              Sociedade e da Cultura, n.º 5, 2005, pp. 9-79; et Matthew Bennett, “Military aspects of the conquest of
              Lisbon 1147”, in The Second Crusade. Scope and Consequences, ed. J. Philips & M. Hoch, Manchester
              University Press, 2001, pp. 71-89. Sur la place des croisés, l’idéologie de la Reconquête et le discours
              clérical, on lira Armando de Sousa Pereira, Representações da guerra no Portugal da Reconquista
              (séculos XI-XIII), Lisboa, Comissão Portuguesa de História Militar, 2003.
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