Page 139 - Le Operazioni Interforze e Multinazionali nella Storia Militare - ACTA Tomo I
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accord sur la division du butin; les négociations ne furent pas faciles car les vétérans
conservaient un mauvais souvenir de l’expérience de 1142 et se méfiaient d’Afonso.
L’accord final prévoyait que le saccage de la place, les prisonniers et leurs rançons re-
viendraient aux croisés et la ville au roi.
Dès lors que le siège était inévitable (les négociations avec les assiégés ayant échoué),
le gros des troupes débarqua et s’empara des faubourgs, créant une zone-tampon qui
empêchait tout secours extérieur.
Le 1er juillet, on assista aux premiers combats violents; après ce premier succès, les
croisés organisèrent leur campement; les Portugais au nord, sur le mont Sant’Ana ; les
Anglais et les Normands au couchant, sur le Mont Fragoso; les Flamands et les Alle-
mands au levant, sur le Mont de São Vicente. Au cours de cette phase d’installation,
les croisés découvrirent, dans d’innombrables “atamorras” (réservoirs musulmans pour
l’emmagasinement de céréales) ménagés sur la pente, quelque cent mille mesures de
blé, de maïs, d’orge, correspondant à près de trois quarts de million de boisseaux de blé !
Cette découverte, assurément, simplifia beaucoup le ravitaillement des croisés durant le
siège. En réponse, la garnison musulmane entreprit quelques sorties par les portes de la
ville de façon à attirer leurs adversaires vers les remparts, où ils seraient plus facilement
la proie des archers.
On passa alors à la construction d’engins: échelles d’assaut, vineae (qu’on appelait
« chats », abris de ceps de vigne et d’osier tressés), béliers, deux trébuchets et même une
tour d’assaut anglo-normande, faite en bois et munie de roues, d’environ 29 mètres de
haut, équipée d’un pont levis ; sur les navires on installa des ponts mobiles. Selon Raoul,
pour manier chacun des trébuchets à traction humaine, il fallait former des équipes
d’une centaine d’hommes qui, s’organisant par périodes, marquées par un signal sonore,
tiraient 5000 boulets de pierre en dix heures (nombre sans doute exagéré).
Le 3 août, commença un bombardement systématique des portes et des murailles
orientales de la ville par les Flamands et les Allemands, avec cinq trébuchets et « man-
gonnels » ; les musulmans, lançant des projectiles incendiaires à partir des remparts,
réussirent à détruire les engins.
Du côté opposé, les Anglo-Normands tentaient d’approcher la tour du rempart, mais
le monstre s’enlisa dans le sable du rivage et, en trois nuits, fut détruit par les trébuchets
des assiégés, ce qui causa la consternation des assiégeants.
On recourut alors à la construction de caves ou de mines, en particulier à un tunnel
creusé en un mois par les Allemands et les Flamands : il avait cinq entrées et 25 mètres
d’extension, ayant atteint les fondations des remparts, que le groupe se mit en devoir de
saper et d’étayer provisoirement par des poutres de bois et des matériaux précaires, met-
tant ensuite le feu à l’ensemble de la structure ; ainsi, dans la nuit du 16 octobre, on vit
s’effondrer une partie de la muraille (29 mètres selon Raoul, 60 d’après le témoignage
des croisés allemands), près de la Porte du Soleil ; cependant, l’événement s’étant pro-
duit la nuit et les assiégés ayant improvisé une barricade, le stratagème échoua.
Pendant ce temps, la population de Lisbonne souffrait déjà de la faim : on mangeait
des chiens, des chats, des rats et tout ce qui tombait sous la main. Du roi musulman
d’Evora, elle ne pouvait attendre aucun secours ; grâce à l’interception d’un messager