Page 104 - Il 1916 Evoluzione geopolitica, tattica e tecnica di un conflitto sempre più esteso - Atti 6-7 dicembre 2016
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104           il 1916. EvoluzionE gEopolitica, tattica E tEcnica di un conflitto sEmprE più EstEso


             députés . Ce que Driant écrira - cette fois à sa femme - la veille de l’attaque
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             allemande témoigne de sa détresse :

                      « L’heure est proche, et au fond, j’éprouve une satisfaction à
                   voir que je ne me suis pas trompé en annonçant, il y a un mois,
                   ce qui arrive. Leur assaut peut avoir lieu cette nuit, comme il peut
                   encore reculer de plusieurs jours. Mais il est certain. Notre bois
                   aura ses premières tranchées prises dès les premières minutes, car
                   ils y emploieront flammes et gaz. Nous le savons par un prisonnier
                   de ce matin » .
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                Ces oracles se heurtent malheureusement au scepticisme du général en chef
             qui ne songe qu’à l’offensive que les Alliés ont décidé de lancer dans le courant
             de l’année 1916 . Non seulement le maréchal Joffre ne veut pas immobiliser
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             des troupes et de l’artillerie dans la région de Verdun, mais il estime que cette
             partie du front n’est pas plus menacée qu’une autre . Dans L’Illustration, il parle
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             de « l’usure de l’armée allemande » - thème qui lui est cher - de la « maîtrise
             des Alliés sur les mers », de la « défaillance prochaine de l’Autriche-Hongrie »
             et conclut : « L’armée allemande doit rechercher sur des théâtres secondaires
             des succès faciles et temporaires, qu’elle a renoncé à remporter sur les fronts
             principaux » . Joffre balaie aussi d’un revers de main les reproches de ceux
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             qui, comme Gallieni - un temps ministre de la Guerre - réclament un renforce-
             ment général des moyens dans le secteur de Verdun, jugé trop peu défendu .
                                                                                  14
             Depuis 1914, il est pourtant avéré que les forts ont été désarmés de leurs ca-
             nons lourds, et que Douaumont n’est quasiment pas gardé. Or, ces faits ne sont
             pas passés inaperçus des services de renseignements allemands  ; le Grand
                                                                        15
             État-major  estime également que les Français seront incapables d’alimenter
             une bataille d’usure à cet endroit, en raison de la faible densité de leur réseau


             9  CHARBONNEL (colonel H.), De Madagascar à Verdun, 20 ans à l’ombre de Gallieni, Paris,
                Karolus, 1962, p. 418.
             10  Lettre citée in LEFÈBVRE (J.H.), L’enfer de Verdun, Paris, Durassié et Cie éditeurs, 1971, p.
                37.
             11  Parlant de Joffre dans son livre Réputations, Lidell Hart écrit : « Son Bureau des renseignements
                lui donna bien de bonne heure des précisions sur les préparatifs allemands ; mais son Bureau
                des opérations était si plein de ses projets d’offensive que ces avis trouvèrent sourde oreille ».
             12  JOFFRE (Mal J.), op. cit. p. 200.
             13  Numéro du 8 janvier 1916.
             14  CHARBONNEL (COL H.), op. cit. p. 418.
             15  WENDT (H.), Verdun 1916. Die Angriffe Falkenhayn im Maasgebiet mit Richtung auf Verdun
                als strategisches Problem, Berlin, 1931, p. 45 et ROCOLLE (colonel P.), « Les préliminaires
                de la bataille de Verdun » in Revue Historique des Armées, 1975-4, pp. 40-57.
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