Page 108 - Il 1916 Evoluzione geopolitica, tattica e tecnica di un conflitto sempre più esteso - Atti 6-7 dicembre 2016
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                Ainsi, en voulant - quoi qu’il arrive - maintenir le cap sur l’offensive prévue
             pour l’été 1916 , le généralissime, d’abord incrédule face à des bulletins de
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             renseignements concordants, est ensuite resté volontairement sourd à tous les
             indices indiquant l’imminence d’une attaque sur Verdun. Lors du conseil des
             ministres du 11 avril 1916, il fut sévèrement critiqué pour sa gestion globale de
             la crise . Le 6 juillet 1917, au comité secret de la Chambre des députés, Albert
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             Lebrun finira par déclarer :
                      « Des documents établissent que le haut commandement a igno-
                   ré l’attaque sur Verdun et s’est laissé surprendre par elle. Cette
                   attaque s’est produite sans que notre commandement l’ait prévue,
                   ou, du moins, sans qu’il ait pris les dispositions nécessaires pour
                   y répondre. Et pourtant, par toutes les nouvelles qui étaient par-
                   venues au Service des renseignements, par les mouvements des
                   divisions et des corps d’armées, par la concentration de troupes,
                   par l’amenée d’un grand nombre de canons de calibres exception-
                   nels, le haut commandement pouvait penser qu’on était à la veille
                   d’événements graves. Et je pose la question au Gouvernement : Les
                   avait-il connus ? Les ayant connus, qu’a-t-il fait ? ».

             Le renseignement français pendant la bataille de Verdun
             (février-décembre 1916)
                Avant l’assaut terrestre, un bombardement impressionnant est déclenché à
             l’aide de 1  200 pièces d’artillerie . D’Avocourt aux Éparges, les positions
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             françaises sont bouleversées, le paysage noyé dans l’épaisse fumée des explo-
             sions… Les ballons d’observation français sont abattus par des myriades de
             chasseurs allemands. Toute observation terrestre ou aérienne devient rapide-
             ment impossible.
                Côté français, toutes les liaisons téléphoniques - des premières lignes à l’ar-
             rière - sont rompues. Les signaux optiques sont invisibles, et les pigeons voya-
             geurs ne parviennent pas à franchir les nappes de gaz délétères. En consé-
             quence, les postes de commandement et les états-majors sont incapables de se
             faire une idée nette de la situation tactique, et le 2 ème  bureau du Grand Quartier
             Général mettra plusieurs jours avant de connaître avec précision l’axe d’at-
             taque de l’ennemi, de même que sa ligne d’avancée extrême.
                Au premier semestre 1915, l’échec des offensives françaises de Champagne
             et d’Artois avait fait comprendre à l’état-major que la guerre pouvait durer et


             20  Décidée l’année précédente, lors de la conférence interalliée de Chantilly.
             21  Archives départementales du Puy-de-Dôme, série N, Fonds Clémentel, 5 J, dossier 23.
             22  THOMASSON  (lieutenant-colonel de),  Les préliminaires de Verdun ; août 1915 - février
                1916, Paris, Berger-Levrault, 1921, p. 130.
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