Page 72 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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           ont fait régulièrement - comme le vengeur des souffrances infligées par les militaires aux
           populations civiles.  Son œuvre, en fait, semble s’inscrire dans une phase où le cadre
           sémantique et conceptuel fondé sur des termes comme ‘militaire’, ‘civil’ et ‘population’
           , ainsi que sur les corrélations et les différences existantes entre ces termes, est encore
           ambiguë et présente des contradictions criantes.  Par exemple, selon le dictionnaire, le
           substantif “civil”, dans les premières décennies du XVIIIe siècle , prend en France et
                                                                     6
           en Italie  aussi la signification de “non militaire”, alors que encore en 1830 Thomas De
           Quincey considérait comme «a fashionable and most childish use of word now current»
           l’utilisation de ‘civilian’ «to indicate simply a non-military person» . il est vrai que,
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           concernant l’adjectif, l’usage de « civil » opposé à « militaire » remonte à il y a quelques
           siècles : si Machiavelli distinguait la vie militaire de la vie civile, déjà dans la génération
           précédente, à l’époque des condottieri, où le “soldat”, c’est-à-dire le mercenaire, le mili-
           taire professionnel, avait pris la place du cavalier en tant que point de repère de la guerre,
           Giovanni Sabadino des Arienti considérait “l’exercice militaire” comme alternatif à la
           “vie civile” .
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              Il est néanmoins difficile d’inclure au sein de la « population civile » les paysans,
           présentés dans les gravures de Callot comme les victimes, mais aussi, plus rarement,
           comme les bourreaux des soldats et qui, comme paraît l’indiquer l’eau-forte dédiée à
           La pendaison, alimentent également les rangs du banditisme rural, en participant plei-
           nement au circuit d’une violence endémique favorisée, quand elle n’est pas directement
           déclenchée, par la guerre en dehors des champs de bataille. le mot « civil » découle en
           effet de civis et reflet de tous points de vue (politique, coutumes, société, économie) un
           contexte urbain, fortement opposé à la campagne. Aux yeux des partisans de la supré-
           matie de la ville sur la campagne, les paysans apparaissaient, pendant le Moyen Age et
           même après, comme des bœufs sans cornes.
              Dans la sphère des coutumes, tandis que le caractère rural prenait – et conserve en-
           core aujourd’hui – une signification plus ou moins négative (‘goujat’, ‘rustaud’, ‘rustre’,
           ‘mufle’, etc.) , la ville s’imposait par contre non seulement comme un modèle de belles
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           manières, mais aussi comme le laboratoire d’un maître mot  de l’histoire contemporaine,
           ‘civilisation’. De plus, dans l’ancien régime, le ‘civil’ ou mieux le ‘bourgeois’ jouissait
           souvent de privilèges, lui permettant fréquemment de subir le poids de la guerre dans
           une mesure assez limitée, si on se situe dans la perspective du paysan.
              Ce n’est pas par hasard que l’on garde la mémoire pas tellement de la plus habituelle
           dévastation des campagnes mais plutôt de certains pillages ‘exemplaires’ de villes (entre
           autres Rome, Anvers, Mantoue et Magdebourg), des événements qui eurent un grand

           6    Voir SalVatore Battaglia , Grande dizionario della lingua italiana,  X, Turin, Utet, 1978, p. 401 et Manlio
               cortelazzo - Paolo zolli, Dizionario etimologico della lingua italiana, III, Bologne, Zanichelli, 1983, p.
               756. Le grand Robert de la langue française, II, Paris, Le Robert, 1987, p. 633 date à 1718 l’usage de civil
               dans l’acception de «qui n’est pas militaire», mais militaire comme substantif remonte à 1658 (ivi, Vi, p.
               456).
           7    Cit. à l’entrée civilian dans la signification de «a non-military man or official» en The Oxford English Dic-
               tionary , III, Oxford, Clarendon Press, 1989, p. 256.
           8    Voir S. Battaglia , Grande dizionario, III, 1964, p. 211.
           9    Voir M. cortelazzo - P. zolli, Dizionario etimologico, I, 1979, p. 244.
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