Page 71 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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quebuses, mousquelz et piques, en ajoutant aux armes citées le canon et l’hallebarde et
en montrant aussi l’entraînement sans armes et avec le tambour.
De l’autre côté, la série dénommée Les Petites Misères de la guerre (où l’adjectif
petites se réfère au format des planches), six eaux-fortes publiées en 1636, après la mort
de l’auteur, par Israel Henriet et dont le nom est lié au succès obtenu avec Les Misères
et les Malheurs de la guerre, suite composée de dix-huit pièces éditées en 1633. C’est
n’est pas au hasard que, dans le catalogue rédigé au lendemain de la mort de Callot, Les
«Petites» Misères de la guerre furent indiquées sous le titre, sans doute plus approprié,
de la Vie des Soldats ; elles doivent être considérées, malgré leur publication tardive,
comme une étape intermédiaire du parcours qui mènera le graveur lorrain à déplacer
son attention de la vie des soldats vers les ravages de la guerre. Compte tenu de cette
perspective, il ne faut pas s’étonner si plusieurs dessins préparatoires de Callot sur la
guerre à proprement parler (batailles de la cavalerie dans une plaine ou dans une vallée
profonde, affrontements de cavalerie et d’infanterie sur un pont ; l’attaque à un fort)
n’ont pas été transposés en gravures, ni que la seule des Petites Misères de la guerre ne
rentrant pas dans la série majeure ait été Le Campement, un aspect de la vie militaire
(entre les tentes les militaires mangent et boivent gaiement) qui lui devait apparaître en
contradiction avec l’idée des malheurs entraînés par les conflits militaires et leurs impact
sur la société.
Dans la série Les Grandes Misères de la guerre, la guerre à proprement parler n’est
illustrée que dans les deux premières planches, L’enrôlement des troupes et La Bataille.
Les autres gravures peuvent être regroupées en trois suites: Les violences des militaires
et des malfaiteurs (d’une part, le pillage d’une hôtellerie, la dévastation d‘un monastère,
le pillage et incendie d’un village ; d’autre part, l’attaque et le pillage d’une diligence et
la découverte des malfaiteurs) ; la liste des punitions infligées manu militari aux soldats,
aux bandits, aux hérétiques, etc. (de la pendaison à la fusillade, du bûcher à la roue) ; en-
fin, les angoissants scénarios de l’après-guerre (de manière optimiste la dernière planche
est consacrée à la Distribution des récompenses alors que les autres insistent sur la triste
condition des anciens soldats : dans la meilleure des hypothèses, les militaires mutilés et
estropies sont admis à l’hôpital mais, souvent, ils font l’objet des revanches des paysans
ou bien ils errent dans les roues en demandant, en vain, l’aumône) .
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Il est cependant difficile de considérer Callot – à la différence de ce que ses exégètes
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4 Voir, pour mieux comprendre l’œuvre de Callot : Jacques Callot (1592-1635), actes du colloque organisé
par le Service culturel du musée du Louvre et de la ville de Nancy à Paris et à Nancy les 25, 26 et 27 juin
1992 sous la direction scientifique de Daniel ternoiS, Paris, Klincksieck, 1993; Jacques Callot 1592-1635,
par Paulette choné, Daniel ternoiS, Jean-Marc DePluVrez, Brigitte heckel, Nancy, Société d’archéolo-
gie lorraine et du Musée historique lorrain, 1992; iStituto italiano Per gli StuDi filoSofici - iStituto nazio-
nale Per la grafica, Le incisioni di Jacques Callot nelle collezioni italiane, Milan, Mazzotta, 1992. Voir
aussi Capricci Gobbi Amore Guerra e Bellezza, incisioni di Jacques Callot dalle raccolte del Museo d’Arte
di Padova, par franca Pellegrini, Padoue, Il Poligrafo, 2002.
5 Voir., par exemple, Paulette choné, Les misères de la guerre ou “la vie du soldat”: la force et le droit,
dans Jacques Callot 1592-1635, pp. 396-400; anDré Stoll, “Non si può guardare”. Dallo spettacolo della
giustizia assolutista al crollo dei miti della civiltà. La guerra nell’opera grafica di Callot e di Goya, dans
Le incisioni di Jacques Callot, pp. 85-108; YVeS-Marie Bercé, Callot en son temps, dans Jacques Callot
(1592-1635), pp. 47-62.