Page 126 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
P. 126

126                                XXXIV Congresso della CommIssIone InternazIonale dI storIa mIlItare • CIHm

           Justin . Le fait devient encore plus clair avec les Etats hellénistiques. Il n’est plus néces-
                11
           saire simplement d’être en bonne condition physique et on ne peut s’entraîner uniquement
           quelques jours avant la  bataille. les stratégistes insistent sur la nécessité d’un entraîne-
           ment d’hiver, voire quotidien ; la place de chacun au sein de la phalange est dorénavant
                                                                                       er
           strictement déterminée. Et les commandements tels qu’Asclépiodote les fait connaître au I
           siècle avant notre ère, montre que les manœuvres d’entraînement étaient particulièrement
           nécessaires, tant pour passer des formations de route aux formations de combat, que pour
           répondre à tout commandement pour modifier l’ordre de bataille. Les cadres doivent ma-
           nifestement être des professionnels. Le texte ne le dit pas, mais il le sous-entend même des
           hommes . Cela n’induit pas obligatoirement que les phalangites, mercenaires ou soldats
                  12
           professionnels, aient transformé les citoyens soldats traditionnels en civils ; les Cité ont
           d’ailleurs transformé progressivement, courant III ème  siècle, leurs phalanges hoplitiques en
           phalanges macédoniennes. L’amalgame restait possible. Mais le mouvement de semi-pro-
           fessionnalisation de l’armée était lancé. On en verra d’ailleurs une preuve dans les textes
           concernant l’armée d’Alexandre. Arrien comme Quinte Curce insistent bien souvent sur
           les états d’âme des Macédoniens, compagnons d’armes de Philippe II depuis vingt ans,
           notamment à propos de la sédition d’Opis. Le fait est ordinairement accepté comme normal
           sans que les Modernes ne se demandent quel était le statut de ces vétérans, particulièrement
           nombreux puisque les « fournées » de retour vers la Macédoine de tous ceux auxquels le
           conquérant de l’Asie donnait argent et droit pour s’établir chez lui ont été de plusieurs mil-
           liers ! Faut-il en faire des mercenaires ? Leur qualité de Macédoniens s’y oppose, et plus en-
           core, ce que nous savons des finances de Philippe II : jamais il n’aurait disposé des moyens
           lui permettant d’avoir plus, comme mercenaires, qu’un minimum de troupes disponibles
           l’hiver et servant éventuellement de fer de lance à l’armée. Et la connaissance dont nous dis-
           posons par Arrien des districts de recrutement macédonien à l’époque d’Alexandre, montre
           que l’intégration dans l’armée royale était un fait normal et régulier . Pourtant, le royaume
                                                                    13
           macédonien, semblable en cela aux Cités grecques comme l’a montré M. Hatzopoulos, avait
           une véritable citoyenneté. Nous n’avons aucune source sur l’existence d’un engagement de
           longue durée, légalement établi. Il faut en déduire que d’année en année, avant l’ouverture
           de la campagne, le souverain indiquait les nombres de soldats de quelque type que ce soit
           dont il pensait avoir besoin, et que l’engagement de volontaires suppléait aux besoins. Il faut
           en déduire aussi que d’année en année, certains Macédoniens rengageaient pour la durée
           de la campagne, imitant ce que déjà faisaient certains Athéniens à l’époque des stratèges
           condottieri. On en arriva ainsi à une sorte d’armée de métier, sans qu’elle ait été réellement
           codifiée. Ceux qui n’éprouvaient pas le désir de participer à l’aventure militaire, sauf à
           l’occasion d’une mobilisation générale, une pandèmeia, n’étaient-ils pas déjà des civils ? Ce

           11   On constate à la fois la nécessité d’allègement, la disparition de l’esclave aide de l’hoplite et les longues
               marches d’entraînement. Cf. Diodore, Justin, et surtout Polyen, IV, 2, 10. J.-N. Corvisier, Philippe II de
               Macédoine, Paris, Fayard, 2002, p. 97-103.
           12   Onasander, IX et X 1. Asclépiodote, I, 4 ; X. A contrario, Polybe, V, 66 sur Séleucos qui disperse ses troupes
               pour l’hiver, et ne les entraîne plus, car il est persuadé qu’il ne leur sera pas nécessaire de combattre.
           13   M. B. Hatzopoulos, Macedonian Institutions over the Kings, Athènes, 1996, p. 443-460. Sur les rapports
               entre l’organisation politique et l’organisation militaire au III ème  siècle, plus récemment, L’organisation de
               l’armée macédonienne sous les Antigonides, athènes, 2001.
   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131