Page 385 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I

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gérer seul, en juin 1940, sept cents captifs :
« Avant de m’endormir, j’ai encore repassé en pensée toutes les dispositions prises dans la journée,
surtout celles qui concernent les prisonniers. C’est certainement à la faveur d’un moment de bonne
humeur qu’elles m’ont coulé de source ». 17

Parallèlement, les civils voient les colonnes de prisonniers, par deux, trois ou cinq. Désar-
més, unités et grades mêlés, ils gardent leur uniforme et leur musette.
« C’était pénible ! (…) Pénible de voir des gars complètement esquintés, dont certains ne pou-
vaient plus marcher et se faisaient porter… (…) Voir l’armée française dans cet état, ça nous a mis
un coup ». 18
Certains sont blessés depuis les combats, la plupart souffrent de blessures aux pieds liées
aux longues marches : un prisonnier parle de 45 kilomètres effectués d’une traite, l’autre de
52 kilomètres, de jour comme de nuit. Ils souffrent aussi de dysenterie, du manque d’eau,
de nourriture, ils sont sales et dans un état d’extrême fatigue. Les haltes ont lieu dans des
champs le plus souvent, sans confort. Parfois les gardes, peu nombreux, à pied, à cheval,
ou motorisés, acceptent de leur laisser utiliser des charrettes ou relâchent leur surveillance :
les prisonniers s’esquivent alors pour soulager des besoins naturels, arracher des légumes,
chercher dans des maisons de quoi manger. Certains portent des chapeaux de femmes après
avoir jeté leurs casques , ressemblent à des saltimbanques, d’autres se ruent sur l’alimenta-
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tion sans camaraderie . Les officiers font l’effort de garder une allure convenable, mais les
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hommes sont de plus en plus indisciplinés .
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le deuil de la VictOire
L’armée française est battue contre toute attente. La déclaration de guerre avait déjà mar-
qué la fin du mythe de la der des ders, mais les civils, comme tous les Français, restaient
confiants dans leur armée, victorieuse en 1918. Ce souvenir est encore fort, parce que les
Poilus anciens combattants sont omniprésents dans la société , et que les valeurs de cou-
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rage, de patriotisme, de fierté nationale, défendues pendant la Première Guerre mondiale
sont inculquées à l’école, diffusées dans les media. En 1939, l’armée française se prépare

p. 41 à 52, in Jean-Claude Catherine (sous la direction de) La captivité des prisonniers de guerre. Histoire,
art et mémoire. 1939-1945, Rennes : presses universitaires, 2008, 239 pages, p. 45.
17 Ernst Jünger, Jardins et Routes, Journal I 1939-1940, Paris : Christian Bourgois, le livre de poche, 1979, 284
pages, p. 216. La première édition date de 1942.
18 Témoignage de M. Serge Defoy, in Thierry Nélias, ibid., p. 389.
19 Henri-Victor Brunel, La Geste des captifs. Marche à l’exil, Paris : G. Durassié et Compagnie, 1952, 284
pages, p. 127 à 278.
20 Jean Mariat, Prisonnier en Allemagne, Paris : les éditions de France, 1941, 112 pages , p. 17 ; Yves Durand,
La Captivité. Histoire des prisonniers de guerre français. 1939-1945, Paris : FNCPG-CATM, 1980, 542
pages, p. 56.
21 Henri-Victor Brunel, op.cit ; Henri Amouroux, La Grande histoire des Français sous l’Occupation, tome 1 :
le peuple du désastre, 1939-1940, Paris : Robert Laffont, 1976, 537 pages, p. 472.
22 antoine Prost, Les Anciens Combattants et la société française, 1914-1939, Paris : FNDSP, 1977, 3 volu-
mes.