Page 383 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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Ces civils ne constituent pas l’essentiel de nos sources d’époque : ils ont alors très peu
écrit. les archives administratives et les journaux sont quasi inexistants : les bombarde-
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ments, les coupures d’électricité, les pénuries, les difficultés de déplacements provoqués
par la Blitzkrieg en sont la cause. Les sources françaises datant de 1940 sont formées de
quelques journaux , des rapports de gendarmerie , des écrits des prisonniers de guerre fran-
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çais, de quelques journaux de guerre datés des 16, 20 et 30 mai et 6 juin 1940. Les sources
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allemandes datant de 1940 sont constituées de photographies , des actualités hebdomadaires
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allemandes –Deutsche Wochenschau - et de témoignages écrits.
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les sources récentes proviennent de témoignages, écrits ou oraux de civils et surtout
d’anciens prisonniers de guerre.
Au cours de cette étude nous allons voir quel est le regard des civils sur le transfert des
prisonniers de guerre français et en quoi est-il révélateur de leurs sentiments par rapport à la
défaite ?
Quatre dimensions simultanées apparaissent dans le regard des civils.
la PercePtiOn de la défaite
le grand nombre de prisonniers, des colonnes entières en mouvement, surprend vraiment
les civils :
« (…) Le flot des prisonniers a commencé son passage… La « marée humaine » a duré 48 heures.
Sous un soleil de plomb, des soldats français se traînaient avec leur lourde et encombrante capote,
grande ouverte à cause de la chaleur, sur toute la largeur de la rue. » 12
Les civils comprennent alors la défaite de l’armée :
« (…) C’était horrible de voir notre armée ainsi défaite – les nôtres !- passer dans la rue, sous nos
yeux. » 13
Les civils étaient jusqu’alors dans le flou. Ils ne savaient jamais exactement où se trouvait
le front car, pour des raisons de secret militaire, les communiqués ont à peu près deux ou trois
jours de retard sur les événements. Et les journaux agissent de même. Seul fait exception Le
Canard Enchaîné en évoquant les difficultés de l’armée française à mots couverts. or les
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6 La Croix du Nord paraît pour la dernière fois le 17 mai 1940, L’Est républicain le 13 juin 1940.
7 Ont notamment été consultés Le Petit Parisien, Le Temps, Le Matin.
8 rédigés par des gendarmes captifs ou sur témoignages, ils sont conservés au Service historique de la Défense,
au fort de Vincennes.
9 créés par les armées et services officiels français diffusés dans les pays alliés ou neutres. Consultables à
l’ECPAD (Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense) au fort d’Ivry-
sur-Seine.
10 la production de films et de reportages photographiques, réalisée par des professionnels, est un axe du mi-
nistère de la propagande. Ce matériel, constituant une prise de guerre en 1945, est partagé entre les Alliés :
c’est l’ECPAD qui, pour les Français, conserve ce fonds.
11 Consultables à l’ECPAD.
12 Témoignage de M. Gérard Marichal, in Thierry Nélias, Des Français face à l’invasion, mai-septembre 1940,
Paris : Pygmalion, 2008, p. 158.
13 Témoignage de M. Gérard Marichal, in Thierry Nélias, op.cit., p. 158.
14 Le Canard Enchaîné, le 22 mai 1940 par exemple, évoque une journaliste de L’Oeuvre, Geneviève tabouis,