Page 280 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
P. 280
280 XXXIV Congresso della CommIssIone InternazIonale dI storIa mIlItare • CIHm
sordre, et sans obliger les habitants des maisons à accepter des hommes dépourvus de billet,
ce qui se pratiquait antérieurement ».
Cette même ordonnance est transcrite littéralement en 1716 , ainsi que dans l’ordon-
18
nance, déjà citée, du 30-04-1718, et elle insiste sur le fait que « mes troupes doivent observer
la discipline la plus stricte et les Villages ne doivent subir aucun dommage et aucun déran-
gement dû à des abus de mes soldats » dans les hébergements. Elle maintient le système
classique de distribution des billets sous le contrôle du sergent-major ou de l’aide de camp.
On remarquera toutefois qu’elle prévoit la possibilité de logement dans des casernes, ce qui
indique l’intention qu’a l’armée de disposer dès que possible de logements définitifs et de ne
plus avoir recours au système des répartements.
Cette intention est la conséquence, d’une part, de l’opposition de la population aux répar-
tements, grandissante malgré les règlements et les garanties censés éviter les abus des troupes
stationnées. Et elle découle d’une évidence : une fois la Guerre de Succession terminée, les
armées resteront stationnées sur le territoire péninsulaire, des garnisons permanentes seront
mises en place et il va donc falloir habiliter des logements définitifs pour les accueillir
Ces logements, ou casernes, offrent de surcroît un certain nombre d’avantages du point de
vue militaire. Elles facilitent en effet l’instruction intensive des troupes. Celle-ci commence à
être systématisée pour l’infanterie (ordonnances militaires du 30-12-1706 et du 18-05-1716),
puis pour la cavalerie (dragons), avec l’ordonnance du 30-04-1718. Les casernes offrent
aussi un intérêt du point de vue politique puisqu’elles renforcent la dépendance du soldat
par rapport à ses chefs et, par conséquent, par rapport à la Couronne, et elles l’isolent de la
19
population générale .
Alors que la population penche en faveur de la construction de casernes pour en finir avec
le répartement de l’hébergement, les soldats y sont opposés. Ainsi, une lettre que le Marquis
de Leganés écrit en 1646 au roi Philippe IV expose les doléances des habitants et des auto-
20
rités de Badajoz au sujet de l’hébergement des nombreuses troupes rassemblées là en raison
de la guerre avec le Portugal. Moins de cent ans plus tard, en 1729, des troupes mettront le
feu aux casernes de Séville pour ne pas avoir à les occuper.
Le règlement royal du 20-04-1718 indique le système à appliquer. Il tient compte de la
21
distribution territoriale des casernements et des effectifs de chacun d’entre eux, de l’empla-
18 Ordonnance royale du 14 juin 1716, dans Portugués. Ibid. (t. 2, p. 182).
19 Le fait que les unités de l’armée aient habité, éparses, parmi la population, et plus précisément parmi les
couches les plus humbles de la société urbaine, et non pas rassemblées dans des casernements, est considéré
comme l’un des deux facteurs, qui, par la fusion opérée entre l’opinion de l’armée et l’opinion publique, ont
suscité les sympathies révolutionnaires des soldats de Louis XVI le 14 juillet 1789, voir Mc Neill, William
H. La búsqueda del poder. Madrid. Ed. Siglo XXI. 1988 (p. 208). L’autre facteur est que les officiers n’ha-
bitent pas avec les soldats et ne dirigent pas leur instruction, celle-ci étant confiée aux sous-officiers. Or, ces
derniers sont beaucoup plus enclins aux nouvelles idées que les aristocrates. Le règlement de 1718 qui nous
occupe contraint les officiers à « vivre eux aussi dans les casernes ».
20 Archives générales de Simancas. Négociations de Guerre. Dossier 1 641, dans Cantera Montenegro, Jesús.
La “Domus militaris” hispana. Origen, evolución y función social del cuartel en España. Madrid. Imprime-
rie du ministère de la Défense. 2007. (p. 37).
21 Règlement royal du 20 avril 1718, relatif à l’établissement de casernes en Espagne, dans les îles et les villes
de garnison, et concernant l’hébergement de l’infanterie, de la cavalerie et des dragons, dans Portugués. Ibid.
(t. 2, p. 381).