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338 XXXIV Congresso della CommIssIone InternazIonale dI storIa mIlItare • CIHm
L’assistance sanitaire dans l’armée de terre et dans la
marine espagnoles, vue à travers le portrait de deux
grands chirurgiens
MANuEL GRACIA RIVAS
L’armée de terre et la marine espagnoles possèdent une longue tradition en matière d’as-
sistance sanitaire, puisque ses origines remontent au moyen âge. Avant leur unification, les
royaumes de la péninsule, et notamment le royaume d’Aragon, disposaient déjà de moyens
pour soigner les soldats blessés au combat. lors des campagnes militaires qui ont permis
l’expansion des Aragonais en Méditerranée, il y a eu, à la tête des services sanitaires ratta-
chés aux forces engagées dans chaque campagne, des médecins et des chirurgiens de grand
prestige, généralement liés à l’entourage du monarque. Nous citerons parmi eux Arnaud de
Villeneuve , chargé par Jacques II d’Aragon de coordonner l’ensemble des services néces-
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saires pour assurer une assistance médicale dans la marine, et qui, en 1310, participait au
siège d’Almeria, place alors encore aux mains des musulmans.
Arnaud de Villeneuve n’est ni le premier ni le dernier d’une longue liste de professionnels
hautement qualifiés à avoir prêté service au sein des forces armées espagnoles. J’ai souhaité
souligner l’importance de leur contribution au travers de deux personnalités qui n’ont peut-
être pas obtenu toute la reconnaissance qu’elles méritaient.
C’est délibérément que j’ai choisi deux chirurgiens plutôt que deux médecins, deux mé-
tiers qui, à l’époque, ne méritaient pas du tout la même considération . L’intérêt qu’ils pré-
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sentent réside tout autant dans la valeur de leur contribution que dans leur valeur symbolique
lors de deux époques bien différenciées du point de vue des caractéristiques de l’assistance
sanitaire en milieu militaire.
diOnisiO daza chacón, un chirurgien nOVateur de la renaissance
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Aux XVI et XVII siècles, l’assistance sanitaire était confiée à des professionnels qui
1 Arnaud de Villeneuve (1238-1311) a étudié la médecine à Montpellier, à Naples et à Salerne. Vers 1280,
il entre au service des rois d’Aragon. Dix ans plus tard, il est lui-même professeur à Montpellier. Homme
d’un grand prestige, il abandonnera la médecine au cours des dernières années de sa vie pour se consacrer
à la philosophie et à la théologie, ce qui lui causa quelques problèmes puisqu’il fut accusé d’hétérodoxie.
Ce sont néanmoins ses propos sur le rôle que, d’après lui, Jacques II d’Aragon et son frère Frédéric III de
Sicile allaient jouer au sein de l’Église qui entraînèrent sa rupture avec le monarque aragonais et son exil en
Sicile.
2 On le sait, les métiers liés à l’assistance sanitaire étaient ceux de médecin, de chirurgien et de barbier. Le plus
haut niveau dans la hiérarchie était celui des médecins, formés dans les universités de l’époque. Loin derrière
venaient les chirurgiens, dont quelques-uns avaient fait des études universitaires (les « chirurgiens de langue
latine ») mais dont la plupart n’avaient d’autre bagage que la pratique quotidienne aux côtés d’un autre pro-
fessionnel. On les appelait alors « chirurgiens de langue romane ». Tout en bas de l’échelle, on trouvait les
modestes barbiers qui, en plus de leur travail habituel, appliquaient certains remèdes thérapeutiques.