Page 342 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
P. 342
342 XXXIV Congresso della CommIssIone InternazIonale dI storIa mIlItare • CIHm
année où son Altesse est entrée aux galères ». Mais il se trompe sur ce point. En effet, c’est
le 2 juin 1568 que don Juan embarque à Carthagène, puis sillonne la Méditerranée tout l’été.
Nul doute que Daza était lui aussi à bord , car les lieux qu’il cite sont ceux où l’escadre a fait
14
escale avant de retourner à Puerto de Santa María. De là, elle poursuivra jusqu’à Barcelone,
en longeant les côtes de la péninsule.
Lorsque, l’année suivante, don Juan prend le commandement des forces chargées de ré-
primer la révolte des Moresques pendant la Guerre des Alpujarras, Daza est toujours à ses
côtés. En 1571, Philippe II le nomme chirurgien-major de l’hôpital créé à l’occasion de la
bataille de Lépante. De son côté, le docteur Gregorio López Caldera, qui était lui aussi pré-
sent lors de la Guerre des alpujarras, est désigné « premier médecin ».
Le docteur López Caldera, qui naviguait à bord de la galère royale, était un personnag très
proche de Don Juan d’Autriche, dont il fut le médecin et le conseiller personnel. Don Juan
devait le récompenser d’un cadeau extrêmement précieux, rien moins que la somme qu’il
avait lui-même reçue du pape Pie V lorsqu’il avait été nommé Généralissime de la Ligue.
De son côté, Dionisio Daza a très bien pu être le chirurgien qui a soigné les blessures
reçues par Cervantès au combat. Les avis divergent sur ce point , mais les tenants d’une in-
15
tervention directe de Daza signalent que l’auteur de Don Quichotte fait l’éloge du chirurgien
dans le « Chant de Calliope » de Galatée, où il souligne « son intelligence » et « sa science ».
Il possédait de plus dans sa bibliothèque l’un des ouvrages du chirurgien , comme l’a si-
16
gnalé le professeur Eisenberg .
17
Daza retourne en Espagne en 1573, et endure « de nombreuses et grandes épreuves
pendant la navigation ». Il débarque à Peñíscola, et, de là, rejoint la Cour. Philippe II lui de-
mande alors de l’accompagner au monastère de Guadalupe, où il doit rencontrer son neveu,
er
le roi Sébastien i de Portugal.
Dans son récit autobiographique, il explique la façon dont « sa Majesté ayant considéré
que cela faisait trente-sept ans que je servais, et tenant compte de toutes les épreuves et
pérégrinations que j’avais traversées », lui permit de prendre sa retraite en conservant son
salaire, à l’endroit de son choix. La décision du roi en dit long sur l’estime dans lequel il
tenait l’homme qui avait servi l’empereur. La faveur qu’il lui accorde en maintenant son
salaire était importante, mais, connaissant Philippe II, ce dut être un sacrifice encore plus
important d’accepter de se séparer d’un chirurgien de prestige alors même que la campagne
du Portugal commençait . D’où on en conclut que la santé de Daza ne devait pas être bonne.
18
14 Il ne put donc pas être au chevet du prince à ses derniers instants, puisque ce dernier est mort le 28 juillet de
cette même année.
15 López Alonso, Antonio. Cervantes, manco y bien manco. Université d’Alcala de Henares. Alcala de Henares,
1999. Dans cet ouvrage, l’auteur s’interroge sur l’intervention directe du chirurgien, tout en reconnaissant
que c’est peut-être lui qui a indiqué la marche à suivre dans le traitement de ce genre de cas, entre autres.
16 et, plus précisément, La primera parte de la Cirujía que trata de los humores praeternaturam, qui fut sans
doute imprimée à Valladolid entre 1580 et 1582.
17 Eisenberg, Daniel. La biblioteca de Cervantes: Una reconstrucción. J’ai consulté la version inachevée que
l’auteur a insérée dans users.ipfw.edu/jehle/DEISENBE/cervantes/reconstruction.
18 Pour ce qui est de la date précise de son départ en retraite, Daza signale qu’il s’est produit « huit jours avant
que sa Majesté ne parte pour la guerre du Portugal ». Or, Philippe II passe en revue, en Estrémadure, les
troupes qui allaient entrer au Portugal le 13 juin 1580. La mise en retraite de Daza a donc dû se produire en