Page 346 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
P. 346
346 XXXIV Congresso della CommIssIone InternazIonale dI storIa mIlItare • CIHm
tance médicale dans les galères. elle aspirait à la confier à des « chirurgiens expérimentés
et intelligents » et non plus à des « barbiers peu entraînés et peu exercés » . Mais ce n’était
35
pas une tâche aisée de trouver des professionnels possédant de telles qualités et disposés à
embarquer.
Dans l’intention de mettre en place une réforme bien plus profonde, le roi nomme alors
un Français, Jean Lacombe, au poste de chirurgien en chef de la Marine. En 1728, ce dernier
crée le corps de chirurgiens de la Marine et prépare la création du Collège royal de Chirurgie
de Cadix, qui sera inauguré par son successeur, Pedro de Virgili .
36
Cet établissement modèle où, pour la première fois, l’enseignement de la chirurgie est
uni à celui de la médecine, visait à former les chirurgiens qui devaient être affectés aux
nombreux navires qui, ces années-là, entrèrent en service. Le collège ouvre en 1748. Deux
ans plus tard, il a ses propres bâtiments. Ses classes forment des promotions successives
d’environ 60 élèves. Ceux-ci assistent à des cours dispensés par des professionnels renom-
més, à des démonstrations d’anatomie sur des cadavres et à des cours pratiques effectués
dans des laboratoires dotés d’instruments modernes venus de France ou d’Angleterre. Le
collège possédait en outre une importante bibliothèque et un jardin botanique où les étudiants
pouvaient se familiariser avec les remèdes thérapeutiques en usage. Les premières années,
les plus brillants étaient envoyés dans diverses facultés européennes pour y compléter leur
formation.
Rien d’étonnant, donc, à ce que le collège de Cadix ait attiré l’attention de nombreux
jeunes sur une profession jusqu’alors peu valorisée. L’un de ces jeunes était Antonio de
Gimbernat.
Né à Cambrils (dans la province de Tarragone) le 5 février 1735, c’était le fils d’un riche
laboureur , qui comptait plusieurs notaires dans sa famille . Il avait épousé Antonia Arbós
37
38
qui lui donna de nombreux enfants, dont six parvinrent à l’âge adulte. Antonio était le qua-
trième. Il avait été précédé d’un autre Antonio, l’aîné, mort en bas âge.
Par malheur, le 30 octobre 1740, le père décède et la mère doit assumer seule l’éducation
de ses enfants, âgés d’entre 19 et un an.
Antonio avait alors cinq ans et allait déjà à l’école, où il se distinguait de ses camarades
par « son application, son bon caractère, sa grande probité et son honnêteté » . en raison de
39
ces qualités, le curé de la paroisse pense à le consacrer à l’église. Quelques années plus tard,
35 Il s’agit d’une cédule royale de Philippe V, datée du 13 septembre 1703.
36 Pedro de Virgili est un autre des personnages importants de l’époque. Fondateur des Collèges de Cadix et de
Barcelone, médecin royal, anobli par le roi, il est, lui aussi, très représentatif de son époque. Je lui ai néan-
moins préféré Gimbernat, en raison de sa stature plus internationale et des liens qui, d’une façon ou d’une
e
autre, l’unissaient avec tous les collèges de chirurgie créés au XVIII siècle.
37 Qu’Antonio Gimbernat ait été un « paysan » ne signifie pas que c’était un simple journalier. Il possédait une
maison d’une certaine importance sur l’une des plus belles places de la localité.
38 Son grand-père, Sebastián Gimbernat, et son arrière-grand-père, Ramón Gimbernat avaient été notaires.
Sa mère était elle aussi fille d’un notaire, maître José Arbós. La tradition familiale allait se perpétuer en la
personne de deux des frères d’Antonio : Sebastián, l’aîné, et Gabriel, né quatre ans avant Antonio, seront eux
aussi notaires.
39 Ce sont les mots de son fils Agustín, qui fut son biographe et publia en 1828, une Sucinta historia del Sr.
D. Antonio de Gimbernat. Cette biographie a fourni de nombreux renseignements aux chercheurs, dont le
professeur Diego Ferrer, cité dans la bibliographie.