Page 345 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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Daza adhéra aussitôt à cette nouvelle technique que, comme il l’a indiqué lui-même, il
avait apprise de « monsieur Bartolomeo », pendant le siège de Saint-Dizier. Il s’agit certai-
nement du chirurgien italien Bartolomé Maggi qui, avec César Magati étaient des adeptes
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des idées du Français. Quoi qu’il en soit, l’attitude de l’Espagnol répondait sans doute aussi
à une prédisposition fondée sur sa propre expérience .
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Nier la toxicité de la poudre alors que, pour des auteurs renommés, c’était une vérité in-
déniable demandait sans nul doute du courage. D’où le mérite de l’attitude de Daza au sujet
de cette question, et d’autres.
Pérez tierra parle de l’utilisation, préconisée par Daza, d’un singulier « pansement »,
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qui consistait à introduire le moignon des membres amputés dans l’abdomen d’une poule
vivante. Cela peut actuellement nous sembler grotesque, mais il s’agissait pour lui d’un pan-
sement aseptique et riche en fibrine, protéine présente dans le péritoine de la volaille.
Il partageait par ailleurs la théorie des propriétés curatives de l’eau, ayant vérifié que les
plaies bien lavées guérissaient mieux que celles qui n’avaient pas été nettoyées. Il établit le
protocole de lavage et indiqua la température que devait avoir l’eau pour être plus efficace.
Une innovation encore plus importante fut l’introduction de l’hémostase par ligature
des vaisseaux, qui vint remplacer la cautérisation pratiquée jusqu’alors. Daza, comme Paré,
compte parmi ceux qui ouvrirent la voie vers une méthode qui allait finir par s’imposer,
même si, à l’époque, elle comportait de sérieuses difficultés puisqu’on n’utilisait pas encore
de garrot et qu’il était donc difficile de travailler sur un terrain qui ne pouvait être sec. Il faut
aussi tenir compte du fait qu’on ne connaissait pas avec précision le mode de circulation
du sang –William Harvey publiera ses découvertes en 1628. L’intuition d’hommes comme
Daza, qui virent juste dans le traitement des aneurismes, n’en est que plus surprenante.
En dépit de son importante contribution à la chirurgie et malgré sa renommée de l’épo-
que, ni la personnalité ni l’œuvre de Dionisio Daza Chacón n’ont obtenu, comme je le disais
au début, l’attention qu’elles méritaient. Mais cela ne signifie pas qu’il soit passé inaperçu.
En effet, il figure, dans l’amphithéâtre de la Royale Académie de Médecine, parmi les qua-
torze grands hommes de la médecine universelle .
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antOniO de giMbernat, un chirurgien du siècle des luMières
e
Au début du XVIII siècle, l’assistance médicale dispensée à bord des navires des diffé-
rents escadres de la péninsule présentait de graves défaillances. Il est curieux de constater
que l’une des premières mesures adoptées par la nouvelle dynastie visait à améliorer l’assis-
31 Magati a parfois été proposé comme le prédécesseur de Paré dans cette méthode. Il ne fait en tous cas aucun
doute que, presque simultanément, ils ont tous modifié substantiellement les soins qui, jusqu’alors étaient
appliqués aux blessures provoquées par des armes à feu.
32 Fresquet Febrer, José Luis. « La práctica médica en los textos quirúrgicos españoles en el siglo XVIII ».
Dynamis, 2002, 22, p. 251-277. Dans cet article, l’auteur suggère la possibilité que « monsieur Bartolomeo »
ait été Bartolomeo Maggi, bien qu’il parle du « champ de bataille de Saint-Dossier » par erreur.
33 Pérez tierra, Jesus. Ibid.
34 Curieusement, seuls quatre autres Espagnols ont mérité cet honneur : Andrés Laguna (1489-1569), Miguel
Servet (1509-1553), Francisco Vallés (1520-1592) et Diego de Argumosa (1790-1865). Les autres sont Hip-
pocrate, Galien, Averroès, Andrés Vesalio, William Harvey, Thomas Syndenham, Louis Pasteur, John Lister
et Robert Koch.