Page 349 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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giens de l’époque, dont, notamment, le très renommé John Hunter , qui donnait des cours
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dans l’école d’anatomie fondée par son frère. Les deux Espagnols vont assister à quatre-
vingt-treize de ses leçons. C’est à la fin de l’un de ces cours, consacré au traitement de
l’hernie crurale, que Gimbernat lui parle de la méthode qu’il a mise au point. Le chirurgien
anglais fut étonné de son exposition et se mit dès lors à appliquer sa méthode, contribuant de
la sorte à sa diffusion dans le monde entier. De nos jours, le « ligament de Gimbernat » est le
seul éponyme médical tiré du nom d’un Espagnol.
Après leur séjour londonien, les deux chirurgiens partent pour Édimbourg, puis pour
Leyde. C’est dans l’université de cette ville que les premiers boursiers du collège de Cadix
avaient été envoyés .
De retour à Madrid, Gimbernat est chargé de créer un nouveau Collège de Chirurgie, celui
de Madrid. Cette fois-ci, il a à affronter de nombreuses difficultés, dues à l’opposition des
médecins, et ce n’est qu’en 1787 qu’il parvient à ouvrir son établissement, dans les locaux
d’un bâtiment construit à cet effet.
C’est une époque particulièrement féconde de la vie de Gimbernat. En 1788, il présente
sa Nuevo método para operar la hernia discal et ouvre un musée de l’Anatomie. Par ailleurs,
le 23 janvier 1789, il est nommé chirurgien du roi par Charles III et, le 2 octobre de la même
année, il est anobli, un privilège qui s’étend à toute sa descendance. Cette distinction, reçue
quelques années plus tôt par Pedro de Virgili, était signe d’un progrès extraordinaire dans la
reconnaissance sociale des chirurgiens.
Nul doute que la profession avait connu un changement radical à partir de la création des
Collèges royaux de Chirurgie. Cette transformation avait été particulièrement ressentie en
milieu militaire et surtout dans la marine. les chirurgiens du Collège de Cadix allaient finir
par remplacer entièrement les anciens médecins des navires. Pour en arriver là, il avait fallu
que leur formation allie les deux savoirs, et il avait fallu pour cela vaincre bien des opposi-
tions. C’est là toute la singularité du Collège de Cadix, et ses responsables luttèrent infatiga-
blement pour la maintenir, s’opposant à l’unification de leur établissement avec les Collèges
de Chirurgie qui se créaient et qui n’avaient rien à voir avec le Collège royal de Médecine et
de Chirurgie de Cadix.
En effet, le Collège de Barcelone, puis, plus tard, celui de Madrid n’enseignaient que la
chirurgie, tout comme ceux de Burgos, de Saint-Jacques-de-Compostelle, de Salamanque et
de Saragosse, fondés au fil de ces années-là.
Le rôle qu’a joué Antonio de Gimbernat dans ce processus est important. En tant que
membre de l’Assemblée supérieure dirigeante des Collèges royaux du Royaume, présidée
par don Pedro Custodio Gutiérrez – premier chirurgien du roi –, auquel il succèdera à sa
mort, il s’est efforcé de contrôler tous les collèges et d’en unifier les programmes de forma-
tion.
L’action de Gimbernat aura une influence très négative sur la marine et sur l’armée de
terre, qui avaient été les grands bénéficiaires de la création de ces établissements d’enseigne-
ment. L’armée de terre finira par perdre le collège de Barcelone et la marine aura d’énormes
47 John Hunter (1728-1793) était lui aussi chirurgien militaire. En 1789, il sera nommé Surgeon General de la
Royal Army. Il était le frère de l’anatomiste William Hunter. Au moment où Gimbernat fait sa connaissance,
il venait d’être nommé chirurgien du roi Georges III.