Page 339 - Conflitti Militari e Popolazioni Civili - Tomo I
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          n’étaient pas affectés en permanence au service, mais seulement embauchés lorsqu’il deve-
          nait nécessaire d’organiser des hôpitaux de campagne. La situation était à peu près la même
          dans la marine, à ceci près que les candidats étaient sélectionnés en fonction des services
          qu’ils avaient prêtés dans le passé, à cause de la spécificité du milieu où ils allaient devoir
          exercer leur profession.
             Par ailleurs, le cas des barbiers et des chirurgiens affectés à chaque unité n’était pas com-
          parable à celui des professionnels de haut niveau à qui on faisait appel à l’occasion des gran-
          des campagnes entreprises par la monarchie, lorsque le grand nombre de forces mobilisées
          exigeait un soutien sanitaire particulièrement efficace.
             Dionisio Daza Chacón était l’un de ces chirurgiens spécialement qualifiés dont la trajec-
          toire s’est déroulée à une époque passionnante, qui lui a permis d’assister ou de participer à
          des événements remarquables.
             Il était né à Valladolid, on ignore précisément en quelle année, plusieurs – entre 1503
          et 1510 – ayant été évoquées. Dans la préface au lecteur par laquelle débute son livre , il
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          affirme qu’il « entre dans la soixantaine » cette année-là. Le livre était prêt à être mis sous
          presse en 1580, mais il a probablement été écrit avant. On peut donc penser que sa naissance
          s’est produite avant 1510. Cependant, toutes les données ne concordent pas. Lorsqu’il parle
          de sa première affectation militaire, il affirme que, en 1543, il était encore « un tout jeune
          homme » , une précision qui ne peut qualifier un homme de 33 ans, et encore moins un de
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          40. Il signale par ailleurs qu’il a entamé sa carrière professionnelle à 20 ans, « après avoir
          suivi les études nécessaires ». J’en conclus, avec d’autres auteurs, qu’il convient de repousser
          la date de sa naissance.
             Son père, Bernardino Daza Chacón, était médecin et sa famille avait été anoblie par
          un privilège octroyé par les Rois Catholiques, le 30 juillet 1492, à son grand-père, Arnalte
          Chacón  , habitant d’Avila. Ceci étant, ses ascendances juives ont été signalées à maintes
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          occasions. Le professeur Domínguez Ortiz compte Dionisio Daza parmi les juifs convertis
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          qui ont occupé des postes importants au XVI  siècle .
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             Il avait un frère cadet, né le 19 décembre 1528, lui aussi à Valladolid. Il s’appelait Bernar-
          dino, comme son père et avait suivi des études de droit à l’université de sa ville natale avant
          d’aller compléter sa formation en France. Plus tard devenu professeur d’université, il fut
          avocat à la Chancellerie Royale de Valladolid, et écrivit plusieurs ouvrages importants .
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             Dionisio, lui, suit des études de chirurgie à Valladolid. Ses premiers maîtres sont le chirur-
          gien Arias et le licencié Torres. Il poursuit sa formation à Salamanque, avec Ponte le Jeune.
          Il est donc ce que l’on appelait un « chirurgien de langue latine », ayant obtenu son diplôme


          3   Il s’agit de Pratica y teorica de cirugia en romance y en latin, ouvrage auquel je reviendrai par la suite.
          4   Daza Chacón, Diego. Pratica y teorica de cirugia en romance y en latin. Valladolid, 1609. Prologue au lec-
              teur.
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          5   Fait signalé par le P  Anastasio Rojo Vega, de l’université de Valladolid, dans un court article publié dans El
              Norte de Castilla, en 2006. La correspondance entre le nom du père et du fils peut paraître surprenante, mais
              elle n’avait rien d’étrange à l’époque.
          6   Domínguez Ortiz, Antonio. « Los judeo conversos en España y América ». Éditions Istmo. Madrid, 1971.
          7   Fernández Rivera, Enrique. « La autoría y el género de Celestina comentada ». Revista de Filología Espa-
              ñola, LXXXVI, 2006, p. 259-276.
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